Y-aura-t-il un reconfinement? C'est la question que tout le monde se pose ces derniers jours. En effet, depuis que le Comité de suivi de l'évolution de la pandémie a laissé entrevoir cette possibilité, le sujet occupe les débats publics. Que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les Algériens sont partagés sur la question. «Le reconfinement m'inquiète plus que le coronavirus», avoue Djamel, coiffeur dans la banlieue Est d'Alger. «Ce serait un retour à la case départ, dramatique pour moi», assure cet artisan qui n'a pas travaillé pendant plus de trois mois. Un client, qui a entendu la discussion, nous interrompt. «C'est vrai qu'il y aura un autre reconfinement?», demande-t-il. «J'ai l'impression que le monde entier va sortir de cette crise, sauf nous! On restera déconfiné à vie», plaisante-t-il, non sans critiquer le comportement de certains de ses concitoyens. «S'il y a un reconfinement, on ne peut en vouloir qu'à nous-mêmes. On nous a demandé de respecter des règles simples mais certains continuent de vivre comme si de rien n'était», se désole-t-il. Ce que nous constatons aux alentours du marché couvert de la commune de Rouiba (banlieue est d'Alger). Les ruelles grouillent de gens collés les uns aux autres. Pis encore, beaucoup ne portent pas de masques. Nous interpellons l'un d'eux, pour lui demander pourquoi il refusait de se soumettre à ces règles imposées par les autorités sanitaires, il réplique avec dédain: «Mazalek tamène bel corona» (tu crois encore au coronavirus, Ndlr). «C'est l'Etat qui a créé ce virus», essaye-t-il de se persuader. Un quinquagénaire vient vite lui remonter les bretelles: «Viens avec moi à l'hôpital, je vais te montrer le nombre de cas hospitalisés, tu verras bien si le coronavirus n'existe pas», a-t-il rétorqué, très énervé. Cet homme s'insurge contre le comportement de ses compatriotes mais ne dédouane pas l'Etat de sa responsabilité. «Quand on vous dit que tout va bien et qu'on vous instaure un couvre-feu à 20h, il ne faut pas s'étonner d'un relâchement», a-t-il soutenu, en se demandant quelle était la logique du couvre-feu actuel. Il propose, dans ce sens un confinement total de 15 jours pour les wilayas où le virus continue sa progression. «Je pense que c'est la seule solution pour en finir rapidement», estime-t-il. Un avis partagé par beaucoup d'autres personnes. «On va se sacrifier 15 jours et on en aura fini avec cette histoire», soutiennent de nombreuses personnes interrogées. Même ceux qui refusent catégoriquement le réaménagement des horaires du couvre-feu se disent pour un confinement total, avec un contrôle sévère des autorités. «Un nouveau couvre-feu, comme c'était le cas, est pour moi du pur n'importe quoi. Je ne serai pas contre un confinement total, à condition qu'il soit respecté par tous», rétorque Saliha, employée dans une banque privée. Sabah, elle, est médecin. Elle ne cache pas son inquiétude quant à une seconde vague de Covid-19. «J'ai peur surtout que les gens ne veuillent pas prendre conscience du danger. Cela me désole au plus haut point de risquer ma vie pendant plus de trois mois et voir dehors des personnes continuer à aller à la plage ou aux magasins sans s'inquiéter outre mesure du Covid-19», peste-t-elle. «C'est de l'inconscience et de l'égoïsme qui me rendent malade», poursuit-elle avec une grande désolation. Bon nombre de personnes interrogées partagent l'avis de ce médecin. Chacun dénonce l'inconscience de l'autre. Qui est alors responsable? Là est la question...