Lundi dernier, le Premier ministre annonçait la fin de la récréation dans la lutte contre le coronavirus! Le gouvernement a reconduit le couvre -feu (20h-5h), tout en avisant sur le renforcement des sanctions contre les contrevenants. Il donnait aussi les pouvoirs aux walis et responsables locaux pour adapter leurs plans, selon l'évolution de la situation épidémiologique du pays. Ce sera désormais tolérance zéro, laissait entendre le communiqué du Premier ministère. Presque une semaine après ces fortes annonces, les vis ont-elles été retirées? Nous avons fait un petit tour dans la capitale pour «sonder» cette nouvelle politique. Premier constat, le port du masque ne fait toujours pas l'unanimité! Pis encore, dans certains endroits les porteurs de masques sont mêmes minoritaires. Seuls les automobilistes respectent presque unanimement cette règle, mais c'est souvent pour ne pas passer à la caisse... Car, l'application de cette loi semble paradoxalement plus stricte pour eux que pour les piétons. Une image que l'on a pu apercevoir dans un quartier populaire de la capitale résume parfaitement cette situation. Au lendemain de l'annonce du gouvernement, deux policiers avaient été mobilisés à la sortie de ce quartier. Ils contrôlaient strictement les automobilistes qui n'étaient pas masqués et leur remontaient les bretelles. C'est bien, même très bien, sauf qu'à 200m de ce «chekpoint», il y avait un marchand informel qui était en train d'installer sa marchandise sans masque et en toute sérénité. En fait, beaucoup n'arrivent toujours pas à comprendre l'importance du port du masque. Pour eux, c'est un moyen d'éviter les sanctions. Même dans les commerces ou les transports publics, ils l'accrochent au menton ou au cou et ne le remontent que lorsqu'ils tombent nez à nez avec les services de sécurité. Ce n'est pas gagné... Au niveau d'un bus de banlieue, nous faisons un signe à un passager pour qu'il remonte son masque. Il le fait illico-presto. On se rapproche de lui et l'interrogeons pourquoi il ne le portait pas convenablement. «Vous m'avez fait peur, je pensais que vous étiez des policiers. J'ai eu peur des 10 000 dinars d'amende», soupire-t-il avant de nous répondre qu'il faisait chaud et qu'il ne supportait pas de porter le masque. Même réponse chez un commerçant d'alimentation générale, qui, à notre entrée venait d'éternuer sur son comptoir. Que ce soit lui et les autres commerçants qui se trouvent à côté, c'est le même laisser -aller! Y a-t-il eu un renforcement des contrôles et des sanctions ces derniers jours? «Non!», répondent-ils sèchement en expliquant que pour les commerces de bouche il y avait une certaine «tolérance». Ce sont les commerces d'habillement, chaussures et autres qui connaissent une grande pression. «Depuis que l'on a été autorisé à réouvrir, on subit au moins un contrôle par jour. Depuis que le gouvernement a annoncé les nouvelles mesures, on se fait contrôler plus de trois fois par jour», rapporte Mourad, vendeur de valises et sacs pour femmes. Il estime que ces contrôles étaient une très bonne chose. Néanmoins, il dénonce le deux poids, deux mesures qui se pratique. Ce déséquilibre est également visible dans l'application du couvre -feu. Si certains agents de l'ordre sont plus ou moins tolèrants quand il s'agit de personnes seules sorties prendre un petit bol d'air ou fumer une cigarette en face de leurs domiciles, d'autres sanctionnent à tout-va! Les «casseurs» du couvre-feu connaissent désormais les secteurs de chaque patrouille et choisissent de se cacher dans un coin du secteur le plus... clément! «C'est comme ça depuis le début du confinement, et ça n'a pas changé cette semaine», indique Samir, un jeune rassemblé avec ses amis jouant aux dominos. «Il suffit de savoir où se cacher et comment se cacher», rétorque-t-il fièrement. Qu'attendent les walis? Lui et son groupe d'amis n'ont pas encore compris le danger de ce virus. «Ce n'est pas dangereux», estiment-ils avant que l'un d'eux ne réplique fièrement: «Je ne suis pas contaminé. J'ai passé le test la semaine dernière», soutient-il. On lui demande où il s'est fait dépister. Il répond sans ambages «au centre commercial de Bab Ezzouar!». Pour lui le dépistage, est la prise de température à l'entrée de chaque magasin avec le thermomètre frontal. C'est dire le manque d'informations sur la maladie chez beaucoup de nos concitoyens, et surtout leur inconscience. Sinon, comment appeler ces personnes qui continuent à organiser des fêtes ou prendre d'assaut les plages du pays? Il ne faut pas se voiler la face, les dernières menaces et décisions du gouvernement ne sont pour le moment que de l'encre sur du papier. Ce long et chaud week-end du 5 juillet a été celui où les gens se sont le plus relâchés. Il suffit d'aller voir les plages ou les restaurants des wilayas déconfinées pour le constater. Ils sont bondés de monde collés les uns aux autres, sans la moindre distanciation sociale ni règle d'hygiène. Certains servent même en salle alors qu'ils ne sont autorisés à le faire qu'en terrasse avec le respect du 1,50 m entre chaque table. C'est un véritable «souk» comme, d'ailleurs, les mariages qui ont été organisés «clandestinement» tout au long du week-end.