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Histoire d'une rencontre...
Mort du cinéaste algérien Brahim Tsaki
Publié dans L'Expression le 11 - 09 - 2021

Brahim Tsaki était un des rares réalisateurs qui savait combiner la poétique à la politique avec douceur et un écrin de pudeur. Ses films exaltaient souvent une certaine forme de mélancolie doublée d'une ouverture vers cette aura de liberté. Ce rêve d'envol comme un mirage niché dans le désert. Un cinéma qui restera comme des documents d'archives précieux, témoin d'une époque dont seul, lui savait la raconter. Un regard si spécial et des sujets authentiques. Il était des premiers à aborder les questions de l'environnement et de l'écologie dans ses films. Ces derniers témoignent d'une époque presque révolue, mais plutôt en déconstruction. Ses films dénonçaient déjà d'une certaine manière l'arrivée du capitalisme nihiliste dans un pays qui verra bientôt sa beauté confisquée, dénaturée, emprisonnée ou empoisonnée...Un cinéma qui crie parfois la détresse paradoxale d'une solitude humaine entre apaisement et chimère d'un futur néant...
Le désenchantement tout compte fait au bout de la caméra! La fin d'une époque et l'entame d'une autre? Mais pourquoi s'est- il tant intéressé à des gamins innocents jouant dans le sable avec des bouts de ficelle en fer? Qu'est -ce qui le fascinait tant dans ces images?
Un regard bien singulier
Les films de Brahim Tsaki étaient, en effet, presque à son image, vaporeux, naïfs, vrais, contemplatifs et puis, au fond, interrogateurs car si intelligents.
De cette intelligence qui questionne autant les faits que les émotions, les actes que leurs conséquences, sans jamais tout donner à voir. Car Brahim Tsaki s'intéressait à l'humain avant tout, que ses films respirent l'âme humaine même dans son silence absolu, le tout empreint d'une saisissante mise en scène et d'un cadre ou paysage fantastique, hors du temps. Un espace- temps pas si trouble que ça, mais un univers souvent sombre qui témoigne d'une certaine déchéance symbolique de l'Algérie avec la fin du socialisme et l'arrivée de l'économie anarchique de marché...et puis, cette confrontation en duel, toujours présente, ou sous - jacente du combat entre la tradition et la modernité en ce qu'elles ont de pernicieux chacune, de bien et de mal dans leur essence, voire fragilité...Quand on évoque Brahim Tsaki, on pense forcément aux«Enfants du vent» (1980), son premier long métrage.
Dans ce film en trois tableaux et en noir et blanc, le cinéaste observe avec tendresse les jeux de l'enfance. Qu'il s'agisse de ceux de Sidi-Yacoub qui s'exercent à créer des mécaniques à partir de matériaux de récupération («La Boîte dans le Désert»), d'un jeune vendeur de roses des sables face aux promesses du poste de télévision («Djamel au pays des images») ou d'un petit garçon qui vend des oeufs dans les bars et découvre une autre face du monde des adultes et de l'alcool («Les OEufs cuits»)... «Histoire d'une rencontre» (1983) se passe encore dans un endroit isolé, près d'une raffinerie de pétrole.
Magie d'un cinéma atypique
Le film met en lumière deux personnages attachants, à savoir deux jeunes sourds-muets. Elle est la fille d'un ingénieur américain et, lui, le fils d'un modeste paysan algérien.
Là, encore, la rencontre se fait entre deux mondes qui cohabitent et une mise à nu idéologique, par cette amitié attendrissante qui va naître entre deux enfants malgré tout ce qui les sépare. Une relation pourtant, compliquée car marquée par un dialogue impossible...Du néant au néon, il n' y a qu'un pas que Brahim Tsaki franchit allégrement dans, justement, «Les enfants du néon», (1990), tourné en France et dans un grand ensemble de banlieue. Ce film met en scène Djamel et Karim, son ami sourd-muet. Ces derniers vivent de revente de matériaux de récupération. Un soir, Djamel vole au secours d'une jeune étudiante agressée et s'éprend d'elle. Najet, une autre fille, est pourtant, elle, amoureuse de Djamel.
Le cinéma de Brahim Tsaki a de cette particularité maligne d'aborder souvent, les sujets universels, parfois qui fâchent, mais toujours avec cette amorce de contraste raisonné, en parvenant, ici par exemple, à évoquer à la fois la haine raciale, l'amour et la jalousie. Cette démarche filmique, on la retrouvera aussi dans son dernier film, «Ayrouwen», sorti en 2007.
«Ehraqi» Brahim Tsaki
Un film qui n'a pas trop bien marché et pas vraiment marqué les esprits contrairement à «Histoire d'une rencontre», même si les ingrédients propres à Tsaki sont là: un décor féérique, une narration plus que poétique sous forme d'un conte idyllique contrarié (ici entre Amayas et Mina) et enfin cette histoire d'empoisonnement de l'eau de la montagne par un produit toxique, apporté par des gens venus d'ailleurs...L'Autre, cet enfer, encore et toujours présent. À noter que le titre du film veut dire «II était une fois» en Tamasheq, la langue des Touareg. Autant dire, que Tsaki nous invite à le regarder comme on feuillèterait un livre d'un conte, même si la magie ne prendra pas souvent.
«Ayrouwen» restera tout de même un film majeur dans la cinématographie de Tsaki.
À revoir sans doute pour comprendre ses rouages et les détails qui auraient pu nous échapper.
Certains dialogues dans ce film, eux sont, pour le coup, bien capitanats et marquent les esprits. Né en 1946 à Sidi Bel Abbès, Brahim Tsaki est élève de l'Ecole d'art dramatique de Bordj el-Kiffan à Alger, avant de rejoindre l'Institut des arts de diffusion (IAD) de Louvain-la- Neuve dont il sort diplômé en réalisation en 1972.
Rappelons ainsi,que Le cinéaste algérien a réalisé quatre longs métrages au cours de sa carrière, à savoir «Les Enfants du vent», 1980, «Les enfants des néons» 1990, «Histoire d'une rencontre» (étalon d'or de Yennenga 1985) et enfin, «Ayrouwen», en 2007. Le monde du cinéma perd un grand nom. Un cinéaste atypique, au regard bien singulier, à l'immense talent.
Brahim Tsaki partira avec discrétion voguant dans le plein et le vide comme cette roue du destin qui ne s'arrêtera jamais de tourner. Une histoire de rencontre avec un cinéaste atemporel, comme cette impression d'un amour déchu, mais qui demeurera éternel... complexe et beau. Indiscutablement. «Erhaqi» Brahim Tsaki, pour toujours. Vous nous aurez tant fait rêvez...


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