La diplomatie marocaine vogue de revers en revers, de camouflet en camouflet. Le dernier en date est retentissant et cinglant. Le ministre de la Défense US ne serait autorisé à utiliser les fonds destinés dans la loi de finances 2022 au soutien de la participation des forces militaires marocaines à un exercice conjoint ou multilatéral -organisé par le Pentagone- que si le ministre affirmait aux commissions de défense au Congrès que le royaume du Maroc aurait pris des démarches en soutien à l'accord de paix définitif avec le Sahara occidental, souligne le Congrès américain. Un échec magistral pour le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, qui a engagé Browstein, un poids lourd du lobbying à Washington en plus d'une armée de lobbyistes et d'avocats pour poursuivre son offensive aux Etats- Unis avec comme objectif de parachever son processus d'annexion du Sahara occidental. Le budget défense des Etats-Unis pour l'année 2022 prévoit que les fonds rendus disponibles au titre de cette loi ne doivent être utilisés par le secrétaire à la Défense pour soutenir la participation des forces marocaines dans les exercices multilatéraux organisés par le Pentagone, sauf si le secrétaire à la Défense constate, en consultation avec le chef de la diplomatie américaine, que le Maroc s'est engagé dans la recherche d'une solution politique au Sahara occidental, stipule le texte des sénateurs américains. Un texte restrictif qui permet toutefois au chef du Pentagone de déroger à cette mesure à condition qu'il le fasse en consultation avec les deux commissions défense du Congrès en présentant une décision par écrit motivant la renonciation à l'application de ladite disposition. Il faut rappeler que la Commission du Sénat américain en charge des dotations budgétaires avait également approuvé un projet de loi interdisant l'utilisation des fonds alloués au Sahara occidental, au titre de l'aide américaine, dans l'ouverture d'un consulat dans la ville sahraouie de Dakhla occupée. Bloquant ainsi une des promesses de l'ancien président américain Donald Trump au Maroc. Le Maroc ne pourra plus disposer de fonds américains à sa guise. Surtout lorsqu'ils sont utilisés pour piétiner les droits de l'homme. De surcroit quand ils contribuent à conforter l'annexion du Sahara occidental et à priver son peuple de se prononcer sur son destin. Le pouvoir marocain s'oppose farouchement à l'organisation d'un référendum d'autodétermination garanti par toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité. L'administration américaine qui a affiché sa volonté à mettre fin au conflit du Sahara occidental dans le cadre de négociations qui seront pilotées par le nouvel envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental, le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura, vient d'apporter un soutien fort à sa démarche qui doit déboucher sur une solution politique juste, assurant au peuple sahraoui le droit de s'exprimer dans le cadre d'un référendum d'autodétermination. Un objectif que n'auront pas atteint ses deux derniers prédécesseurs. Nommé en janvier 2009 Christopher Ross, avait réussi à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York. Sans progrès notoire. L'ancien président allemand lui succéda le 16 août 2017 dans des conditions difficiles. Le souverain marocain avait décidé d'expulser la majorité des membres de la Minurso après que, l'ex-SG de l'ONU Ban Ki-moon eut qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée au mois de mars 2016 dans les camps de réfugiés sahraouis. Horst Köhler réussira à organiser une première table ronde qui s'était tenue les 4 et 5 décembre 2018 à Genève. Elle avait laissé entrevoir une lueur d'espoir pour voir enfin des négociations directes s'instaurer entre le Maroc et le Front Polisario après un silence qui aura duré près de 9 ans. Il enchaînera avec un autre round qui a eu lieu les 21 et 22 mars au même endroit. Une troisième rencontre était programmée dans les prochains mois. Horst Kohler ne la pilotera pas. Sa démission «surprise» pour «raison de santé» a plongé à nouveau le conflit du Sahara occidental dans l'incertitude. La décision du Congrès US doit le sortir du bourbier dans lequel l'a enfoncé le Makhzen.