En juin 2004, Folla Ghezloune, la juge du siège qui menait de main de maître la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger), avait un chef d'entreprise, aux prises avec les pontes du pouvoir de l'époque, inculpé de possession «illégale» d'un bon nombre de «bons de caisse», à l'aéroport «Houari Boumediene» de Dar El Beïda -Alger. Curieusement, à cette période des faits reprochés à l'individu du jour, cette inculpation n'existait pas... Encore! Or, les magistrats du siège étaient, et sont toujours «ligotés» par le respect de cette sacro-sainte ordonnance de renvoi, présente sous leurs yeux. Assisté de deux immenses jeunes magistrats, (en formation pratique) la juge regardait d'une drôle de manière l'inculpé qui se trouvait, jusqu'à son jugement, sous contrôle judiciaire. Les débats furent certes chauds, mais ne dépasseront jamais la correction, et le taux d'humidité propre à El Harrach, en est témoin. Folla Ghezloun, la présidente, tenait très bien les rênes de la police de l'audience. Le procès ira jusqu'au moment où elle annonça le prononcé du verdict sous peu, préférant une courte mise en examen, dans la salle de délibérations. Mais un geste de la juge en direction du flic de service dans la salle d'audience, nous amena à une supposition: le mandat de dépôt à l'audience, pendait au-dessus de la tête de l'inculpé, venu pourtant, libre au tribunal. Au bout de quarante minutes, elle revint, et annonça la sentence reçue par l'inculpé, Fatiha. B. son épouse, et ses deux vieux avocats, comme un boulet de canon: en effet, il fut condamné à une peine d'emprisonnement ferme de deux ans, d'une assommante amende, et, comme cerise sur la tarte, un mandat de dépôt à l'audience! Le gus comprit ce jour-là que la justice est certes, une «dame», mais, à la main rugueuse, et très lourde. Il sortira de prison, détruit, malade, incompris de ses collègues, et triste de voir encore les responsables qu'il avait vaillamment combattus, toujours au pouvoir.