L'Expression: Vous avez pris part au nouveau court métrage de Sofiane Mehdi Tsabbast qui s'appelle «Sakiet Sidi youcef». Pourriez-vous nous en parler? Djamel Aouane:C'est un court métrage qui a été accepté parmi les 11 courts métrages entrant dans le cadre de la célébration du 60eme anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. «Esakia» est un film magnifiquement réalisé et signé par Mehdi Tsabbast. C'est un film qui parle d'un chapitre historique qui mérite d'être défendu, en tant que devoir de mémoire qui est rendu à l'image. C'est un film qui nous donne les grandes lignes concernant ces événements qui ont eu lieu à Sakiet Sidi Youcef. Le film comprend une panoplie d'acteurs dont Abderrahmane Ikariwene, Djidja Morjane, Salim Benacer, Mabrouk Feroudji et autres. Ce n'est pas la première réalisation de Mehdi... c'est un homme de la télévision. Il a aussi réalisé le film «Dzair» dans le même registre révolutionnaire auparavant. C'est son deuxième film en relation avec la révolution et l'histoire en général... Un mot sur votre rôle? J'ai un rôle épisodique, symbolique. Un personnage de fonction. Je joue le rôle d'un lieutenant français qui donne la réplique à Abderrahmane Ikariouène. Je l'ai fait pour rendre service à Mehdi. J'ai accepté sans y réfléchir. On a tourné à Miliana car l'histoire se déroule à Souk Ahras. On a pu tourner quelques scènes à Miliana. J'ai enchaîné avec un deuxième court. Le réalisateur a décidé d'en faire un moyen métrage. Le court s'intitule «pour toi». Il sera réalisé par Khaled El kebich. Là, je me suis vraiment amusé, car il m'a donné la chance et le libre arbitre de pouvoir interpréter le rôle d'un Français, mais pas n'importe quel Fançais. Un Français un peu sadique qui a une guerre à livrer plus grande que l'Algérie, une guerre de religion. La magie de ce film se situe au niveau du choix artistique vers lequel a tendu le réalisateur. Il a décidé de tourner le film une partie à Timimoune et une partie à Tiaret. Mais ce qui était intéressant et c'est une première pour moi c'est le fait d'avoir choisi de réaliser tout ce qui était décor extérieur de manière très réaliste, soit dans une école néoréaliste italienne, mais ensuite il a tourné toutes les scènes d'intérieur sur fond noir. C'est comme si on était sur des planches de théatre. Il a ramené le théatre au cinéma et m'a donné un peu de liberté et d'espace dans le jeu, sans sortir bien sûr du cadre du personnage et on s'est bien amusé. Il y avait aussi pas mal d'acteurs assez connus dans ce film, notamment Nadjres Asli, Djamel Laroussi de Tiaret...Par contre là, ce n'est pas une histoire vraie mais une fiction.. Tirée peut- être de quelques événements réels... Vous avez joué aussi en 2018, dans le film «Ahmed Bey» du réalisateur iranien Djamel Djorcha.. Djamel Djorcha c'est quelqu'un qui est très connu dans son pays. Il a un cv aussi long que mon bras. C'est un film qui a été réalisé dans le cadre des échanges cultuels, donc fait dans le sens d'une collaboration algéro-iranienne. Une première en Algérie. J'ai fait le casting comme tout le monde. Je me rappelle comme si c'était hier. On avait fait le casting durant le deuxième jour du festival du film arabe en 2018. On était une centaine de personnes sur scène. Chaque acteur passait avec un numéro et on avait une réplique de cinq minutes à donner. Ensuite, j'ai été rappelé pour un deuxième casting et au final, je me suis retrouvé à camper le rôle de l'antagoniste Joseph Ventini alias le bey Youcef. Un des rôles les plus complets que j'ai eu à interpréter si j'ose dire grâce à son jeu, le travail sur la langue car je parle à la fois en arabe et en français baroque puisque le film se situe entre 1815 jusqu'à la chute de Constantine, en 1837. J'ai pris un malin plaisir à embrasser le caractère de ce personnage. C'est une nouvelle expérience. Une autre façon de jouer et de me familiariser avec les épées, les chevaux. On a tourné ce film entre Alger Tipaza et Boussaâda. Le tournage a duré cinq mois. Pour ma part, j'ai eu 50 jours de tournage durant les cinq mois. C'était une belle aventure. Le film n'est pas encore sorti mais ce qui est sûr est qu'il ne va pas tarder à voir le jour. C'est un gros film. Un film pareil n'arrive qu'une fois tous les 5 ans. J'espère que le film sera à la hauteur des attentes. Vous n'êtes pas sollicité énormément dans les feuilletons télé du Ramadhan, on ne vous voit pas beaucoup ces dernières années? J'ai eu ma part de télé durant le Ramadhan. J'en ai fait pas mal auparavant. J'ai eu des années qui ont été très productrices en ce sens, notamment dans les années 2015/2016 et 2017. J'étais toujours là, présent et on me sollicitait. Après, il y a eu quelques mini traversées de désert. Je pense que c'est bien pour un acteur de s'absenter pour se faire désirer. Il y a aussi le fait que parfois on n'est pas sollicité tout simplement. Ça reste une connexion et une histoire d'affinités avec tel ou tel réalisateur. Il faut taper dans l'oeil du réalisateur. Après tous les 5 ans vient une nouvelle génération de comédiens. Parfois les équipes changent. On a pu constater aussi récemment une nette évolution sur le plan technique, une belle fraîcheur d'images au niveau des feuilletons durant le mois de Ramadhan, des acteurs qui jouent de façon un peu plus naturelle. Un public assoiffé a su adopter ce genre de format de feuilleton. C'est vrai que le drama a évolué ces dernières années... Il a fait un grand saut. C'est dans la continuité de l'investissement aussi. On voit maintenant de grosses boîtes de production derrière, de gros sponsors derrière et au final c'est le public qui est gagnant. On arrive à délivrer cinq à six feuilletons télé par an, c'est un bon début. Ceci étant dit, moi je reste toujours à l'affut des bons feuilletons. Je dépose ma candidature. Je suis là, prêt, tout le monde me connaît. Je connais le paysage cinématographique et audiovisuel algérien. J'aimerai bien travailler avec les jeunes tout comme avec les anciens. J'aspire à changer de registre et de pouvoir me surprendre à chaque fois, sortir de mon corps et rentrer dans la peau d'un autre. Quels sont les rôles que vous aimeriez incarner? Je n'ai pas un rôle précis, mais j'aimerai bien incarner un rôle d'un torturé, de contre nature, un rôle ou je pourrai me surprendre moi-même, en même temps que le téléspectateur. Un rôle qui me procurera un véritable challenge et une responsabilité tout en ayant une peur dans le ventre, en me demandant si je pourrai le faire ou pas. Un biopic ou dans la peau d'un flic. De toute façon, tout dépend de la qualité du scénario.? Quand il y a un bon scénario derrière, n'importe quel rôle est bon à prendre. Si le rôle est bien défini, écrit, qui évolue à travers les épisodes qui a quelque chose à raconter, un personnage émouvant qui peut m'emmener dans son monde, ça ne pourra pas se refuser. Car le travail d'un acteur est de pouvoir se jeter dans un terrain miné et tenter de s'en sortir en se fondant dans la peau de cet inconnu...j'aimerai m'essayer aussi à des films d'auteurs ou engagés... D'autant plus que l'on sait qu'un de vos acteurs fétiches est Tahar Rahim... Effectivement. C'est un Franco-Algérien qui est en train d'exceller. Il explose tout à son passage que ce soit à l'échelle nationale en France ou à l'international. J'ai eu affaire à des producteurs français dans des festivals ici en Algérie qui m'ont souvent dit que je leur rappelais Tahar Rahim, malgré que je ne vois pas trop de ressemblance, si ce n'est la façon de parler, le ton de la voix peut-être, mais c'est un Algérien qui a fait son chemin, qui a une filmographie incroyable. J'ai vu ses films. D'ailleurs il ya une grande tendance actuellement de films qui se tournent au Maghreb. Je citerai par exemple Reda Kateb récemment avec «Omar la Fraize»..Tous ces acteurs-là, sont tentés de revenir à la source. Tous ces comédiens et réalisateurs veulent absolument tourner en Algérie.. Tahar Rahim pour revenir à lui, j'ai été époustouflé par son évolution. Je suis tombé sur ses anciennes interviews qui datent de 2010 et le mec aujourd'hui est carrément un manitou. Il est devenu très intimidant, très performant. J'adore son côté à la fois simple et intellectuel, comment il t'explique le cinéma. Il arrive à vous transmettre cet amour du métier. Avez-vous déjà fait une formation pour devenir acteur? Au départ, je n'étais pas prédestiné à devenir comédien ou acteur de cinéma. Pas du tout. D'ailleurs j'habite un quartier où il y a seulement le foot et le chaâbi, qu'est Bab El oued. Je n'étais lié ni de prés ni de loin de tout ce qui était art, le théâtre ou le cinéma, je n'en veux pas à mes parents. Ce n'est pas de leur faute. Mais ensuite cela m'est tombé dessus. Par un concours de circonstance, je me suis retrouvé à être un acteur par accident. De fil en aiguille et au fil des années, je me suis retrouvé à jouer devant les caméras. De nature, j'étais très timide. Mais au bout du compte, j'ai appris à aimer ce métier, à faire ce métier sans l'apprendre, même si on ne travaille pas beaucoup. J'ai commencé en étant autodidacte puis je me suis rattrapé en faisant trois ans au conservatoire, soit une formation de deux à trois fois par semaine. Aussi, quand je jouais dans un film, c'était une formation en elle-même. Je bouquinais, je faisais beaucoup de recherche sur youtube. Jusqu'à aujourd'hui, je continue à faire des ateliers et j'apprends. Quels sont vos projets? J'en ai deux. Je vais bientôt entamer le tournage dans un long métrage, intitulé «Ezaïm», signé par Amar Mohcene qui m'a déjà filé un premier rôle en 2016 dans son feuilleton «Ibn Badis». Ensuite, si Dieu le veut, j'enchaînerai avec un téléfilm du réalisateur Hocine Méziani. Un film à la thématique révolutionnaire. C'est un rôle intéressant dans lequel je vais pouvoir m'amuser. On va partager cela avec le public très prochainement.