Le bilan des victimes à Gaza est «bien trop élevé», estime le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken qui a rencontré hier le président palestinien Mahmoud Abbas afin notamment d'aborder l'épineux dossier de l'après-guerre dans ce territoire ravagé par des frappes barbares sionistes. Mardi, Blinken s'est entretenu à Tel-Aviv avec le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour les exhorter à «épargner les civils» palestiniens dans leur agression criminelle contre Ghaza.» Le prix payé chaque jour par les civils à Ghaza, notamment les enfants, est bien trop élevé», a-t-il déclaré. Les hostilités sont entrées cette semaine dans leur quatrième mois alors que l'ONU tire la sonnette d'alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé. La bande de Ghaza a besoin de recevoir «plus de nourriture, plus d'eau, plus de médicaments», a reconnu mardi Blinken en exhortant aussi l'entité sioniste à «cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes». Peu avant le départ de Blinken pour cette tournée au Moyen-Orient, sa quatrième depuis le début de la guerre, le ministre sioniste de la Défense avait dévoilé son premier plan pour «l'après»-guerre à Ghaza. Ce plan Gallant prévoit une gouvernance locale qui ne soit «ni le Hamas», «ni une administration civile sioniste», mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont «pas hostiles» à l'entité sioniste. Des ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu plaident pour une recolonisation de Ghaza, tandis que Washington souhaite, selon de nombreux analystes, revoir sur place l'Autorité palestinienne (AP) mais réformée. En 2007, l'AP avait perdu le contrôle de Ghaza au profit du Hamas pour n'exercer son pouvoir, limité, qu'en Cisjordanie, territoire occupé par l'armée sioniste et des hordes de colons extrémistes armés et protégés par celle-ci.»L'Autorité palestinienne a la responsabilité de se réformer, d'améliorer sa gouvernance. Ce sont là des enjeux que j' ai abordé avec le président Abbas «, a déclaré Blinken. Mahmoud Abbas devait rencontrer hier en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour discuter d'un «cessez-le-feu immédiat» à Ghaza et de la livraison ininterrompue d'aide humanitaire, selon Amman. Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Ghaza, où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Gaza se «réduire», parlant de «catastrophe humanitaire».» «A cause du manque d'eau, nous ne nous douchons qu'une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout», témoigne Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre. L'armée sioniste bombarde désormais surtout le centre et le sud de la bande de Ghaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement sioniste a accepté le principe d'une «mission d'évaluation» de l'ONU sur la situation dans le nord de Ghaza en vue d'un retour des déplacés, a souligné mardi Blinken. Le Hezbollah libanais a affirmé avoir ciblé mardi une base militaire dans le nord de l'entité sioniste, en représailles à l'élimination ces derniers jours d'un haut responsable militaire du mouvement, Wissam Tawil, et du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri. Il s'agit du plus haut responsable militaire du Hezbollah tué depuis que le mouvement pro-iranien a débuté, le 8 octobre, ses tirs pour soutenir le Hamas, faisant craindre une régionalisation du conflit que le chef de la diplomatie américaine tente de juguler. Autre foyer de tension: la mer Rouge. Les Etats-Unis ont indiqué y avoir abattu tard mardi soir, et avec l'aide de la marine britannique, 18 drones et 3 missiles tirés par les Houthis dans le cadre d'une attaque «complexe» visant à freiner le trafic maritime dans ce passage stratégique en guise de «solidarité» avec les Palestiniens de Ghaza. Blinken a dit hier avoir discuté au cours de sa tournée avec plusieurs dirigeants de la région prêts à oeuvrer pour une fin du «cycle de la violence» et à assurer la «sécurité d'Israël». «Mais ils ont tous souligné que cela ne pourra passer que par une approche régionale comprenant un chemin vers un Etat palestinien». Avant aujourd'hui au Caire, Blinken devait se rendre hier à Bahreïn, membre de la coalition formée par Washington pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden confronté aux attaques des Houthis.