Aucun pays au monde n'a été construit par des étrangers. Pour se dégager de «la panne» économique que traverse l'Algérie depuis des années, l'ex-chef de gouvernement et ex-ministre des Finances, Ahmed Benbitour, a prôné la constitution d'une nouvelle alliance forte entre le gouvernement et les entrepreneurs patriotes. «L'Etat doit investir dans les entreprises privées mais avec des entrepreneurs patriotes surtout que les moyens financiers permettent, actuellement, une pareille démarche», a suggéré M.Benbitour, lors d'une conférence-débat organisée, dans la soirée d'avant-hier, par la fondation Friederich Ebert en collaboration avec la Centrale syndicale, au siège de la fondation à Alger. «Avec ces investissements, il faut créer, en contrepartie, une forte alliance entre le gouvernement et les entrepreneurs patriotes» a-t-il dit. M.Benbitour se réfère aux pays asiatiques qui ont réussi à créer cette synergie entre les entrepreneurs privés et le gouvernement. Mais ces pays et leurs gouverneurs ont des stratégies de développement. «Ce n'est pas le cas en Algérie» a regretté l'ex- ministre des Finances qui a fait une rétrospective de la pensée économique dans le monde avant de se pencher sur le cas algérien. «Ce qui nous manque c'est une stratégie. A tous les niveaux de l'Etat, de la simple APC au plus haut sommet de l'Etat, il n' y a pas de stratégie, il n'y a pas de vision claire et précise». Avec des chiffres à l'appui et des analyses pointues, M.Benbitour rappelle à un auditoire composé d'experts et de cadres «qu'aucun pays au monde n'est construit par des étrangers». Des investisseurs vont aux Etats-Unis et en Chine, non pas pour construire ces pays, mais pour gagner de l'argent. Il n' y a pas de raison que ces mêmes investisseurs viennent en Algérie pour construire le pays. Selon le conférencier, sur le milliard de dollars d'investissements étrangers effectués en Algérie en 2005, cinq fois plus ont été transférés -comme bénéfices- durant la même année à l'étranger, par ces mêmes investisseurs. «Nous sommes véritablement un pays exportateur de capitaux sans compter l'exportation de la richesse pétrolière et celle des ressources humaines». Le moment est grave et le déficit est encore plus grave pour l'ex-chef de gouvernement. «Tous les pays du monde ont des déficits et il ont, en parallèle, des moyens et des mécanismes de recours. Ce sont ces moyens de recours qui n'existent pas chez nous» a noté M.Benbitour qui a ouvert la brèche à un débat profond sur les imperfections du fonctionnement de la machine économique nationale. Ces soirées ramadhanesques, placées sous le thème «Développement, solidarité et paix sociale, quelles perspectives?» se poursuivront jusqu'au 16 octobre prochain. L'occasion a été, également pour un débat sur les libertés individuelles et syndicales, la citoyenneté, la démocratie et l'équité qui sont, pour le conférencier, des éléments clés pour un développement économique et social durable.