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Et Jacques Audiard de se démarquer
77e Festival de Cannes
Publié dans L'Expression le 21 - 05 - 2024

Peut-être que Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde, d'Emanuel Parvu, peut y aspirer, à travers cet implacable réquisitoire que le réalisateur roumain dresse d'une société régie par la loi du clan qui s'érige en redresseur des torts et d'autres «travers», en convoquant police, église, médecine, services sociaux. Le film scrute le portrait d'une communauté dont les intérêts archaïques, d'abord divergents, finissent par converger dès lors que l'image de la communauté leur semble menacée. Il ne serait donc plus question du devenir d'une société qui évoluerait au même rythme et pour le bien de tous. Le film est passionnant de bout en bout. Emmanel Parvu, qui fut comédien chez son talentueux compatriote Cristan Mungiu (Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours). Six minutes d'ovation ont salué le film lors de sa projection au grand auditorium Lumière.
À moins que ce soit «Diamant brut», ce premier film, très prometteur de la Française Agathe Riedinger, qui concourt également pour la Caméra d'or, fait rentrer la téléréalité au coeur du festival, marchant ainsi dans sur la trace d'Yves Boisset qui avait, dès 1983, avec Le Prix du danger, abordé le sujet. Autres temps, autres... codes. Jeune fille de son époque, Liane, issue d'un quartier déshérité de Fréjus, dans le sud de la France, veut devenir une star de téléréalité et influenceuse. Histoire de prendre de la distance avec un background des plus sombres afin de sortir de sa misérable condition sociale: père disparu, mère en désaffection et désengagée. On l'aura deviné, le chemin ne sera pas couvert de pétales de roses. Film pertinent avec une belle révélation, la jeune Malou Khebizi qui crève l'écran et enfonce le clou: «Liane utilise son apparence pour dominer les hommes, pour dominer la société et sortir du mépris de classe dans lequel on voudrait l'enferme.»
Sinon, celui qui serait à surveiller serait bien le metteur en scène chinois Jia Zhang-Ke (multiprimé dans les festivals, sauf à Cannes). Avec Emporté au gré du courant, Zhang-Ke retrouve son héroïne, Qiao Qiao, qui, de film en film, traverse en un profond silence (pas une phrase pendant les deux heures de ce nouvel opus) deux décennies d'histoire chinoise. À travers l'histoire de Qiao Qiao et Guao Bin qui vivent une histoire d'amour passionnée, mais fragile. Quand Guao Bin disparaît pour tenter sa chance dans une autre province, Qiao Qiao (incarnée par sa comédienne fétiche Zhao Tao) décide de partir à sa recherche. Ce qui permettra à Jia Zhang-Ke d'aborder les bouleversements économiques qui frappent de plein fouet la société chinoise, de l'intérieur, jusqu'à la période récente bouleversée par le Covid. Un film ovni, sans effets dramatiques mais tout aussi captivant.
Quant au film du français de Jacques Audiard, Emila Perez, thriller musical, il semble taillé sur mesure pour une Palme d'or, malgré une histoire improbable. Celle d'un ponte richissime d'un cartel mexicain de la drogue, sanguinaire Manitas Delmonte, dents en or et visage tatoué, qui veut changer de sexe et devenir enfin la femme qu'il a toujours rêvé d'être. Il engage pour cela une avocate, Rita, chargée de trouver le meilleur chirurgien esthétique possible... Pour cela, Manitas se sépare de sa jeune épouse et de ses deux chérubins qu'il envoie en Suisse. Il meurt pour de faux et, une fois la chose faite, le transforme en une superbe femme plantureuse: Emilia Perez (l'épatante comédienne trans espagnole Karla Sofia Gascon).
Mais la fibre paternelle (maternelle?) le/la fait rapidement craquer, rapatriant femme et enfants au Mexique, toujours avec l'aide de son avocate Rita, pour se faire passer pour une cousine éloignée qui les accueille dans sa belle propriété. S'ensuivent des péripéties rocambolesques jusqu'à un final inattendu.
Le tout parlé et chanté en espagnol, appuyé par une chorégraphie très réussie. Un vrai tour de force. On peut toutefois regretter que le cinéaste ne s'embarrasse pas toujours de réalisme et utilise la truelle plutôt que le pinceau.
Une question traverse le film: peut-on changer de personnalité quand on change de peau? Le naturel revient-il au galop?
«Emilia Pérez est un film sur des gens qui, emprisonnés dans des situations impossibles, conçoivent pour en sortir des solutions impossibles», dit la charismatique comédienne Zoe Saldana qui interprète Rita.
Jacques Audiard créa le choc en 2009 avec Un prophète (Grand prix du jury) révélant Tahar Rahim avant d'obtenir la Palme d'or avec Dhepan en 2015. Si l'on tient compte de l'enthousiasme du public et des palmes accordées par les critiques dans le classement des films, une deuxième palme serait donc à sa portée.


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