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«La littérature comme finalité politique»
ENTRETIEN AVEC L'AUTEUR
Publié dans L'Expression le 07 - 04 - 2007

«C'est sur le terrain culturel qu'on peut faire avancer les choses.»
L'Expression: Finalement, vous ne vous éloignez pas du tout de la politique lorsqu'on écoute votre «discours»...
Karim Amellal: Je reste complètement dans la politique. C'est une écriture politique. Et c'est une écriture sur tout et un livre qui a une portée politique. Je n'écris pas cela gratuitement. Pour le coup, je ne fais pas ce que font un certain nombre de jeunes qui brûlent des voitures. Je n'écris pas avec ce langage très cru pour que le souffle retombe. J'écris volontairement de façon violente, vigoureuse pour que les gens entendent ce cri qui est complètement politique, qui doit se transformer, je l'espère, en acte politique.
Vous croyez donc fermement en le rôle «engagé» de l'écrivain?
J'en suis convaincu, tout comme je suis convaincu du fait que beaucoup d'écrivains en France, ont abandonné ce rôle de réveilleur de conscience, d'agitateur public. Je considère que l'écrivain doit être engagé. Je ne conçois pas la littérature autrement que comme une littérature engagée au service des finalités politiques. Je n'appelle pas à voter pour un tel ou tel. Je ne me situe pas dans ce cadre-là, j'entends de politique en termes d'actions publiques. Je considère donc le langage, l'écriture, une oeuvre de fiction, le cinéma, bref, n'importe quel art doit avoir une connotation et un but politiques.
Pourquoi un jeune de 28 ans, maître de conférences dans une fac de sciences politiques, ayant fait aussi des études en philosophie, s'intéresserait à ce qui se passe dans les banlieues et écrirait sur cela?
Parce que j'y ai vécu pendant dix ans à peu près. J'habitais au-dessus d'un bar PMU que mon père tenait parce qu'il ne trouvait pas d'autre boulot. Mon père, qui était haut fonctionnaire en Algérie a été obligé de se reconvertir complètement. Bref, je vivais en plein milieu de cette cité et, de ce fait, je côtoyais tout le monde, ne serait-ce qu'en prenant le bus scolaire matin et soir, en allant à l'école, en vivant dans la cité, le soir, en étant sous les porches, etc. Voilà pourquoi j'ai pu écrire ce livre. C'est parce que je connais ces mots (maux)-là.
Vous avez évoqué, tout à l'heure, l'idée d'une association que vous allez former avec un groupe d'écrivains. Peut-on en savoir plus?
Effectivement, je ne suis pas le seul à écrire sur ce thème-là, et avec ce langage-là, on est une dizaine. On a tous été publiés, l'an dernier en France, dans de grandes maisons d'édition et on avait marre de parler chacun de son côté. On a décidé de se rassembler pour essayer de parler d'une seule voix. Peut-être que ce sera plus fort. Notre message aura plus de chance d'être entendu. On a écrit un livre. Chacun a écrit une nouvelle. Chronique d'une société annoncée en est l'intitulé. Le recueil sortira en septembre prochain chez Stock, mon éditeur à Paris. En 4e de couverture, on va publier un manifeste de littérature engagée avec un certain nombre de thèmes, d'articles, pour que les intellectuels prennent davantage position, pour que les hommes politiques se réveillent, par rapport aux questions, aux personnes issues de l'immigration...A côté de cela, on va créer une association pour rapprocher les jeunes de la culture à travers des actions très concrètes, très locales, en partenariat avec des établissements scolaires, des associations.
On va essayer de sortir du ghetto nous aussi, sortir des banlieues et puis parler à la France entière et à tous les jeunes de France qui souffrent, qui ont des difficultés particulières, qui ont envie de faire quelque chose sur le plan culturel, qui ont un talent, notamment d'écriture, de cinéastes, de metteurs en scène, auxquels on va apporter notre expérience, notre réseau, de l'argent éventuellement parce qu'on ne va pas toucher un centime des droits d'auteur de ce livre. On va tout reverser à notre association.
Quel regard portez-vous et analyse faites-vous sur les prochaines élections en France et notamment sur les promesses ou projets entourant les banlieues?
Moi, je rejoins beaucoup de jeunes des quartiers, aujourd'hui, qui disqualifient la politique et surtout les hommes politiques. Je vous le dis très clairement, je ne crois plus en la gauche ni en la droite. Je pense que les deux ont fait leurs preuves, ou plutôt n'ont pas fait leurs preuves malgré 20 ou 25 ans de pouvoir. En 1983, il y a eu la marche des beurs. Enorme mobilisation de cette deuxième génération. Aujourd'hui, on en est à la troisième. Les revendications restent les mêmes. Exactement. Sur les égalités des droits, sur la solidarité, sur l'égalité des chances, sur la lutte contre les discriminations, etc.
En 25 ans, absolument rien n'a changé. On a eu 10, 15 ans de gouvernement de gauche, idem pour la droite. Cela n'a pas changé d'un pouce. La preuve, octobre-novembre 2005, énorme vague d'émeutes bien plus violentes naturellement qu'en 1983. 22 ans plus tard. C'est la preuve que rien n'a absolument changé. Moi, je ne fais pas du tout confiance au politique pour régler ce type de problème. C'est pour cela que je vais me déplacer, je vais me déporter sur le plan culturel, les actions concrètes, parce que je crois que c'est sur le terrain qu'on peut faire avancer les choses. C'est avec des actions concrètes que les mentalités de la France entière évolueront dans le bon sens. je crois davantage maintenant à des actions qui sont très politiques, bien sûr, au sens noble du terme, concrètes sur le terrain qu'à de beaux mots de politiciens qui n'ont pas fait avancer les choses.
Vous avez cité le mot cinéma. Alors, si je vous dis La Haine de Matthieu Kassovitz, qu'en dites-vous?
Oui, je ne dirais pas que c'est un modèle, mais c'est une source d'inspiration. C'est vrai que c'est un peu le pendant de cette écriture-là. Un film très violent qui possède aussi cette langue, qui rentre dans le tas. Un film impact qui a eu beaucoup de retentissements, qui a attiré le regard de beaucoup de gens sur la situation des jeunes des quartiers. Je considère La Haine comme une oeuvre pionnière, comme l'a été, d'une certaine manière, Le Gone de chaâba d'Azzouz Beggag qui a été le premier à parler des bidonvilles que beaucoup de gens en France ignoraient. Malheureusement, sa trajectoire a quelque part «ripé».
Mais, je regrette que malgré quelques bulles, quelques tentatives favorables, la littérature et le cinéma français de façon générale, se soient éloignés de ce hyperréalisme-là, pour s'embourgeoiser en parlant de thèmes extrêmement conventionnels avec un langage édulcoré, affadi. Je pense qu'il faudrait retrouver cette verve en participant à cette tentative-là.
Finalement, si vous aviez un rêve à réaliser, serait-ce de devenir un grand homme politique craint ou un écrivain célèbre et best-seller?
Homme politique, sûrement pas. Mon souhait serait de continuer à écrire et surtout de vivre de mon écriture. Best-seller ou pas, mon rêve serait de me consacrer à l'écriture. D'écrire des fictions pour le cinéma, etc.
Un roman en chantier?
Bien sûr. Je traîne depuis un moment l'idée d'un roman sur l'Algérie. Cela mûrit tout doucement. Mon rêve le plus cher est de terminer ce roman et de le voir publié et en France et en Algérie. Je pense à une histoire avec un arrière-fond historique à travers tout ce qu'a connu ou vécu mon père, notamment des gens qui ont fait, jeunes, la guerre de Libération et qui ont vu l'Algérie évoluer d'une certaine manière, qui ont été obligés de partir au moment des émeutes d'octobre 1988...J'aimerais beaucoup coucher sur le papier un sentiment par rapport à tout ce qu'a connu mon père et moi-même, d'ailleurs.


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