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Que veut le peuple?
L'AVENIR DE LA JEUNESSE
Publié dans L'Expression le 11 - 06 - 2009

Il veut vivre paisiblement, s'engager pour le pays, en sortant enfin de la fuite en avant et des égoïsmes.
Les événements se suivent et ne se ressemblent pas. L'imprévu, l'incertain, guettent toujours, si on ne prête pas attention à ce que veut le peuple. Sur le plan national, un événement heureux a été enregistré ce dimanche 7 juin 2009. Le match Algérie-Egypte, qui a pris des allures de phase finale de Coupe du monde, mérite un commentaire. Le regard de sociologue et philosophe nous oblige à tenter de discerner et lire un événement de masse.
Tout le monde s'accorde à reconnaître que la patrie de Jugurtha, de Massinissa, de l'Emir Abdelkader, de Lalla Fatma Nsoumer, de Novembre, et tant d'autres jeunes Algériens qui ont fait l'histoire, recèle encore des potentialités sur tous les plans, notamment humains.
Même si les épreuves que connaît l'Algérie, depuis au moins deux siècles, sont traumatisantes et handicapantes. Ainsi, ce match de football n'est pas seulement question de sport et de l'heure du renouveau qui a sonné pour les Verts. Le stress, les violences, les problèmes que subissent les Algériens depuis des décennies, ont en fait un peuple à fleur de peau, à la limite de névroses et maux inquiétants. Nous devons réapprendre à être à son écoute, il veut vivre paisiblement, s'engager pour le pays, en sortant enfin de la fuite en avant et des égoïsmes. Il s'agit de l'avenir de la jeunesse.
Les jeunes ne veulent pas sombrer
Le stade de Blida, et toutes les rues d'Algérie, ce jour du 7 juin, traduisait des symptômes qui ne mentent pas: le peuple algérien veut sortir de la malédiction, de la sinistrose, du pessimisme. «One, two, three, viva l'Algérie!!», les courses de voitures des supporters, les drapeaux qui flottent presque partout, la manière ensuite presque délirante dont la joie éclata, montrent que le citoyen algérien recèle encore des richesses insoupçonnées, mais en même temps, il semble au bord du désespoir. Il ne veut pas sombrer, il croit encore en son pays, il cherche la lumière. La névrose qui traverse nombre de nos concitoyens, qui ont besoin de protection, de repères et d'espérance montre que nous sommes face à un problème de société. La compréhension étroite et stérile de la religion et les dérives ont aggravé la situation de recul et de déculturation.
Comme en réaction à la mal-vie, les jeunes de l'Equipe nationale portés par tout un peuple, ont été traversés par la magie de l'instinct de conservation, par le miracle algérien. La deuxième mi-temps verra des Algériens hypermotivés, décidés à renverser le sort, avec la ferme intention de redresser la situation. Il ne s'agit plus de tactique, ou de plus malins, mais d'une onde surhumaine et juvénile qui dépasse le football. Des journalistes sportifs l'ont compris, ils décrivent avec justesse la réalité psychologique sur le terrain: «Plus de mordant, plus d'envie, plus d'engagement et surtout beaucoup plus de rage. Une rage bien à l'algérienne cette fois. Celle qui nous fait faire des miracles par moments, comme celui de marquer des buts aux meilleures équipes du monde.» Le beau jeu que les Verts développeront alors ne nous réhabilite pas seulement avec celui des années fastes, mais surtout fait renouer le peuple algérien avec le refus de la malédiction. Le peuple veut un peu de joie et de bonheur d'être algérien. La classe politique, aux yeux des jeunes, se trouvant en même temps disqualifiée, dépassée, usée. Le peuple sait que malgré des acquis, la société est profondément malade, et semble fataliste, mais ce match, malgré son côté éphémère, montre qu'il reste un avenir. Les Algériens, pourvu qu'on leur fasse confiance, peuvent surmonter toutes les épreuves. Ce qu'ils n'admettent pas c'est le refus du dialogue et la marginalisation. Mais, de par leur comportement pessimiste, ils se marginalisent encore eux-mêmes. Pourtant, un peu de joie et de progrès, c'est possible.
Tournés vers leur patrie
Qui l'eut cru? Les joueurs de Saâdane dominèrent et montrèrent qu'ils étaient capables de faire autant ou mieux que leurs aînés au point de tenter l'impossible. Des pulsions de vie que personne ne pouvait contenir tant la clameur du stade les stimulait: les jeunes étaient, un moment, en train de faire mentir la dénomination de harraga. Ils ont allumé le feu de la passion de mouiller le maillot pour la patrie, dans le coeur des joueurs, un seul désir: gagner, au sens de survivre, vivre! Qui le veut, le peut. C'est cette maxime que l'on doit réapprendre à la jeunesse. On doit aussi prendre acte que le football est un catalyseur, un des facteurs de mobilisation de la jeunesse. Quand saura t-on enfin donner tous les moyens à la Fédération nationale de football, et mettre en oeuvre ce que tant d'entraîneurs souhaitent depuis des décennies: des écoles de football et un grand centre de regroupement digne de ce nom?
Eduquer, responsabiliser
Le peuple, mi-conscient mi-inconscient, est ensuite sorti, pour crier sa joie, qui cache à peine sa douleur trop longtemps refoulée de subir trop de mauvaise gestion de la chose publique, trop de fermetures et de dégradations, ce n'est pas la même joie comme en 82. L'équipe nationale n'a pas seulement réalisé une victoire historique face au détenteur de la Coupe d'Afrique, elle n'a pas fait uniquement honneur au football algérien, elle a enclenché un début d'exorcisme contre toutes les formes d'impasses et d'échecs. C'est pour cela que nombre de journaux ont titré «Magnifique!» et que des commentaires disent à l'unisson: «C'est un grand jour pour l'Algérie...nous n'avons jamais gagné de cette façon. Ce n'est pas une simple victoire...» Un simple match de football révèle l'état d'une société. Aujourd'hui, ce n'est pas seulement tous les sportifs algériens qui ont vu qu'il était possible de se décomplexer et encore moins les seuls footballeurs, mais toute la jeunesse algérienne. L'après-déclic, l'après-victoire sont le plus dur, sur le plan psychologique. Il ne faut pas décevoir ce cri du coeur, ces gestes forts, ces signaux éclatants. C'est aussi à cause de ces moments que nombre de citoyens algériens à l'étranger regrettent leur exil. Et souhaitent tant partager un retour de l'Algérie sur tous les plans: «L'ambiance, l'Algérie me manque vraiment», disent -ils. Faisons en sorte que les yeux des jeunes et des élites, résidents ou expatriés, soient toujours tournés vers leur patrie. Elle le mérite infiniment.
Il restera, plus que jamais à redoubler d'efforts tous pour éduquer, former et sensibiliser la jeunesse sur le respect de la vie commune. Le comportement du citoyen s'est dégradé. Le sport est un vecteur d'apprentissage de l'esprit d'équipe et du renforcement du lien social. L'éducation tournée vers l'avenir doit prévoir la découverte pour tous des principes de la morale et de l'importance de la règle de droit dans l'organisation des relations sociales, au travers de principes modernes comme: «La liberté de l'un s'arrête où commence celle d'autrui», ou juridiques «nul n'est censé ignorer la loi», «on ne peut être juge et partie». C'est la formation du patriotisme, de la citoyenneté et de la sociabilité. Autonomie de l'individu et lien social pour s'adapter sans cesse à la diversité et à la vie collective sont le but de toujours. L'école, tout le monde le sait, est en crise, en retard, c'est une responsabilité de tous, gestionnaires, pédagogues, parents, société civile, politiques, médias. Il est temps, sans imitation aveugle, qu'on tire les leçons des expériences pédagogiques passées et des autres pays pour forger l'école de demain, libérer la société, s'arrimer au progrès universel, en cherchant à retrouver le sens de la communauté médiane, car «science sans conscience n'est que ruine de l'âme». Gagner un match de football c'est bien, mais gagner la bataille de l'éducation, de la ressource humaine, de la compétence, c'est inestimable. Trop d'interférences, de bureaucratie et d'incompétence bloquent l'entrée dans le XXIe siècle. Cette rencontre de football démontre qu'il n'y a pas de fatalité. Bien plus, l'Algérie peut donner l'exemple d'un développement équilibré qui garde une mémoire vivante de ses épopées et se tourne résolument vers l'avenir, guérissant ses traumatismes, et maîtrisant ses pulsions. Y a-t-il plus beau pays que l'Algérie? Y a-t-il plus belle histoire de lutte de libération et de peuple attaché à la liberté? Y a-t-il plus belle jeunesse que la nôtre si on sait lui faire confiance? Le peuple connaît la réponse et veut le démontrer tous les jours.
(*) Professeur en relations internationales
www.mustapha-cherif.net


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