Le Mama accueille, extra-muros, une nouvelle exposition placée sous le signe de l'originalité et du renouveau. La Safex ne chôme plus. Mercredi dernier, elle a encore abrité dans ses murs une nouvelle superbe grande exposition relative aux arts visuels, principalement à l'art africain contemporain. Encore une vaste exposition inaugurée à la chaîne par la ministre de la Culture. Subdivisée en 3 parties celle-ci se veut riche et variée. La première est une expo de femmes. Elle regroupe 23 artistes et 11 pays africains. «J'ai réuni plus de femmes pour leur donner plus de visibilité car elles sont toujours minoritaires dans les grandes expositions. De son côté, Zoubir Hellal, commissaire de la partie design, nous apprend qu'il a invité 28 designers pour monter leur travail personnel. J'ai fait appel à des artistes de différents pays africains, je voulais une expo contrastée. Il y a du bijou, de l'orfèvrerie, des vêtements. Côté Algérie, le célèbre designer Yamo arrive toujours à nous subjuguer par ses oeuvres, cette fois c'est un véritable "bijou" qu'il expose.» Une oeuvre qui s'éclaire comme des étoiles au milieu de l'obscurité et vous ravit le regard. Pour sa part, Réda Ighil a déclaré: «Je me suis concentré sur une chaise loundj. Mis à part ces chaises qui ont déjà été exposées à la villa Abdelatif à défaut de reprendre l'héritage africain, j'ai choisi de jouer avec les matériaux, c'est-à-dire d'explorer les matériaux qui sont assez anciens, à défaut du bois qui est d'ailleurs la structure. J'ai voulu créer un peu la matière transparente qui est le plexiglas. Celle-ci m'aide à effacer un peu l'objet. On finit par avoir un côté atemporel. C'est ce côté atemporel justement que j'ai voulu reproduire à travers un design assez simple, éloquent et suggestif.» Nouredine Ferroukhi, un autre responsable à cette exposition, fait remarquer que l'expo portant sur «la modernité dans l'art africain a rassemblé 130 artistes. 5 commissaires sont occupés de 10 choix d'oeuvres et des artistes. Elle rassemble plusieurs médiums, de supports, beaucoup plus des médius actuels...». Amina Menai qui expose dans le cadre de cet espace exprime sa vision d'art contemporain par une installation d'échafaudage à laquelle elle insuffle une âme artistique. Le matériau est détourné au profit de l'art, tout comme le visible sert à exprimer autre chose que la pratique usuelle de ce qui pourrait appartenir au monde du bâtiment. Elle explique: «C'est l'esthétique qui est derrière l'échafaudage qui m'intéresse. C'est pour désacraliser l'art moderne qui peut paraître compliqué pour certains. Moi je veux qu'on monte dessus, qu'on le touche, au lieu de le subir froidement comme un tableau.» Katia kameli, vidéaste algérienne installée en France ayant déjà eu à travailler en Algérie dans le cadre du projet «Bladi in progress», nous revient avec une installation vidéo, intitulé «Dislocation», qui exprime dit-elle: «Oui ma propre dislocation puisque je suis franco-algérienne. C'est mon histoire qui est racontée. Elle est sous-tendue par un espace qui grandit dans une espèce entre deux avec la conscience que cet espace génère une pensée différente, à la fois d'attraction et de répulsion. Il y a deux temporalités différentes mais parfois elles se rejoignent. Cela englobe aussi toute la complexité de l'Algérie. D'un côté, on voit les paraboles, certaines sont orientées d'un côté, d'autres de l'autre. Cela signifie l'idée de l'existence d'une Algérie double. Une qui regarde vers l'Occident et l'autre vers le Moyen-Orient. Une Algérie aussi contradictoire qui se veut être moderne tout en étant attachée à ses traditions. Il y a quand même une volonté de construction. Et puis, il y a ce calme qui est assez violent. Et anormal!» Belles et inquiétantes, angoissantes même de par ce calme sourd qui les accompagne, ces images sont non sans rappeler la filmographie de Tariq Teguia dont le dernier In Land avec ses images qui semblent exprimer le calme qui précède la tempête et dont Katia Kameli avoue beaucoup aimer tout comme l'oeuvre de kiarostami. Si les expositions à la Safex redoublent d'ingéniosité et de singularité, on ne peut pas dire autant du service communication ou des autres départements concernant la diffusion du programme. C'est la consternation! C'est plutôt le bouche à oreille qui fonctionne au niveau de ce Panaf. A croire que le département communication est parti en vacances! Autre fausse note à signaler: l'absence de documentation pour la presse. Que dire des artistes qui n'ont même pas eu droit à leurs catalogues. Ces derniers se vendaient au niveau de l'exposition du patrimoine immatériel à 1300 DA et nada pour la presse.