Le boulevard des Martyrs a connu, dans la soirée du jeudi, un mouvement sans précédent. La chaîne Une (diffusant en arabe) a invité les représentants du FLN, PNSD, Nahdha, Islah, RND, PT, FNA, PRA et FFS. Ce dernier ne s'est pas présenté sur le plateau alors que celui du PRA est arrivé très en retard. Le premier tour de table a débuté sur un ton serein. Les présents considèrent qu'à l'exception de la Kabylie, le scrutin s'est déroulé dans des conditions acceptables. Mais lorsque le militant du FNA prend la parole, le débat prend une autre tournure. Il estime que «l'administration a flanché au profit de certains partis». Il révèle que dans certains centres de vote à Alger, les listes du FNA ont été cachées sous d'autres. Celui d'El Islah va plus loin en révélant qu'à Batna, Khenchela et même à Alger, des représentants de partis ont été chassés des bureaux de vote. Le représentant du PT fait état d'ingérence du wali à Ain Merane (Chlef) au profit d'un parti. Le correspondant de Tizi Ouzou donne les premiers résultats partiels. Le taux de participation a atteint les 4,94% pour les APC et 4,78% pour les APW. Il s'agit de résultats définitifs mais il fait état de troubles, d'échauffourées et d'incendies dans certains bureaux de vote. Donc, le vote ne s'est pas déroulé convenablement dans cette région. Les invités se regardent les uns les autres en s'interrogeant sur le rôle du FFS qui aurait dû élever un peu plus la barre. Mais ultime consolation: il se place en tête des suffrages exprimés. Il est 20 heures. A Oran, les taux sont de plus de 45%. A Saïda, ils ont dépassé le cap des 50%. Le représentant du FLN tente de justifier les quelques dépassements qui sont «acceptables vu l'excès de zèle de certains responsables» mais il rappelle que les chefs de centre ont de larges prérogatives. Il se met à lire les lois et règlements. D'Annaba, les premiers dépouillements donnent le FLN en tête, sauf à Chetaibi où les Indépendants ont raflé la mise. Il est suivi de près par Islah. A Alger, les dépouillements ne sont pas encore terminés. Le taux de participation est de 23,45%. Mais la grande surprise vient de Batna. Le RND revient en tête dans 7 APC. Chihab, son représentant sur le plateau, jubile. Autre surprise, celle du FFS. On l'attendait en Kabylie, il sort dans quelques circonscriptions à Batna. Des incidents ont eu lieu toutefois à Merouana et Babar. Mais le FLN domine dans la majorité des APC. A Batna on ne trouve aucune trace d'El Isalah ni du MSP. A El Oued, le FLN est quasiment en tête dans toutes les APC. A Tipaza le taux de participation dépasse les 60% avec le FLN en tête suivi du RND. A Ouargla c'est l'inverse qui se produit; le RND est premier suivi du FLN. A Constantine, El Islah réapparaît derrière le FLN. Le correspondant de la radio annonce que le FFS a obtenu une APC à Jijel. Les invités écarquillent les yeux. Djoudi du PT considère que tous les partis agréés sont nationaux, en réponse à une observation disant que le FFS est en train de sortir du ghetto kabyle. Chihab du RND s'étale sur la gestion des communes et veut faire entendre qu'il avait bien géré sa commune. Mais personne ne l'écoute. Les autres invités ont la tête ailleurs. Le FLN est en tête à Bouira, suivi par Islah et le RND. Les résultats partiels du ministère donnent vers 23 heures le FLN en tête, à l'exception de la Kabylie qui a voté FFS. Un peu plus tard, les taux définitifs de participation sont donnés. Ils se situent entre 76% à El-Bayadh et 30% à Alger. Manquent cinq wilayas. Il s'agit de Khanchela, Béjaïa, Tizi Ouzou, Djelfa et Alger. Le débat bifurque sur d'autres thèmes. Khelfi d'El Islah évalue à 40% le nombre de maires sortants qui sont poursuivis par la justice. Celui du PRA, qui est venu en retard, estime que l'administration a favorisé deux partis. Le RND lance une grande phrase: «La critique est facile mais l'art est difficile». Il réfute le taux de 40% avancé par El Isalah. Djoudi du PT plaide pour un programme national de développement. Mais Kenaï du FLN, épanoui par les scores annoncés, rappelle que son parti revendique l'amendement du code communal. Le débat a été émaillé de courtes polémiques entre le FLN et le PT, d'une part, et entre El Islah et le RND, de l'autre. Mais dans l'ensemble, les invités ont été sereins et ont même tenté d'ébaucher certains thèmes relatifs à la gestion des communes qui, il faut le dire, se trouvent dans une situation d'endettement extrême. Mais tout le monde s'accorde à dire que, malgré les anomalies enregistrées ici et là, le scrutin du 10 octobre présente un indicateur de la carte politique pour les cinq prochaines années.
