De tous les chantiers mis en oeuvre par le président de la République, celui des réformes annoncées dans son discours de vendredi est certainement le plus ardu. Il y a ceux qui y voient déjà un formidable espoir. Les sceptiques qui en veulent toujours un peu plus et les plus dangereux qui tenteront à tout prix de s'y opposer. De quel côté le vent tournera? Abdelaziz Bouteflika ne se pose pas la question. Des obstacles, il y en aura, il ne l'ignore point. Il fait preuve d'une détermination farouche à mettre en oeuvre ce qui va vraisemblablement marquer son troisième mandat: arrimer l'Algérie au wagon des nations avancées. Ce qui est certain, c'est que l'Algérie ne peut s'offrir le luxe de mener séparément des réformes économiques sans entamer celui des réformes politiques en profondeur qui la propulseront au rang de société industrialisée auquel elle aspire. Il ne peut, en effet, y avoir de développement sans que les jalons d'une démocratie véritable - où le citoyen doit trouver son compte - ne soient posés pour donner naissance à une société plus juste ou moins inégalitaire. Le moment y est propice. Le front social est en ébullition: toutes catégories socioprofessionnelles confondues. A de nombreuses reprises, le chef de l'Etat a été sollicité pour arbitrer et mettre fin à des bras de fer et des conflits qui se allaient tout droit dans le mur. Et c'est donc tout à fait naturellement qu'un discours fort de sa part était attendu. Tous les rouages de l'Etat ont été ciblés jusqu'à ce qui a fait son socle: la Constitution. Le diagnostic est sans appel: l'Algérie est un grand corps malade, il faut attaquer le mal à la racine. Le chef de l'Etat a donné le coup de starter. Un obstacle de taille se dresse sur le chemin de cet immense chantier: la bureaucratie. Un des fléaux les plus féroces qui gangrène l'administration et les institutions algériennes et qui a fait le terreau de maux non moins terribles: la corruption et la spéculation qui ne laissent aucun répit au pouvoir d'achat des algériens à travers une récurrente flambée des prix que nul responsable, qu'aucune mesure ne sont arrivés à juguler. Ont-elles à ce point la peau dure pour défier et tenir la dragée haute aux institutions de l'Etat? Les poches de résistance persistent. «Peut-on affirmer que tout va pour le mieux?» s'est interrogé le président de la République. «A l'évidence non! Des fléaux sociaux tels la corruption, le népotisme et le gaspillage sévissent et l'Etat s'emploie à les combattre avec vigueur et détermination. Voilà une autre bataille qu'on ne peut remporter qu'avec la participation de toutes les catégories de la population, car tout ce qui est réalisé l'est pour vous, avec vous et grâce à vous», a déclaré le chef de l'Etat. Les lois qui seront mises en oeuvre seront-elles suffisantes pour lutter efficacement contre ces fléaux? Y aura-t-il suffisamment de femmes et d'hommes pour veiller à leur stricte application sans sourciller et sans être tentés par l'appât du gain facile et de l'argent sale? La corruption, la spéculation et les barons de l'informel sont comme des poissons dans l'eau et braconnent au sein de l'économie nationale. Jusqu'à quand? D'importantes mesures seront prochainement prises qui insuffleront un nouvel élan à la gestion de nos programmes et à la dynamisation de l'appareil de l'Etat. Elles viendront conforter la lutte contre la bureaucratie et les dysfonctionnements enregistrés au sein de notre administration et faire face à toute atteinte aux deniers publics. Une concertation sera engagée cette année au niveau local avec les citoyens, les élus, le mouvement associatif et l'administration pour définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adapter aux attentes de la population», a souligné le premier magistrat du pays. Toutes les forces vives de la nation doivent se mobiliser pour la réussite de ce chantier. «Cette mission ambitieuse et décisive pour l'avenir de notre pays exige l'adhésion de la majorité, la participation de toutes les forces politiques et sociales et la contribution des compétences nationales. Elle requiert aussi un Etat fort, capable d'instaurer une plus grande confiance entre l'administration et les citoyens. Un Etat reposant sur une administration compétente et crédible et un système judiciaire placé sous la seule autorité de la loi. Cette mission nécessite surtout que nos instances élues puissent jouir d'une légitimité incontestable», a précisé le président de la république. La bataille contre ces maux qui rongent la société algérienne est l'affaire de tous. Elle sera implacable. La victoire ou la défaite seront collectives.