Résumé : Quelques mois après, alors qu'elle fréquente une couturière et l'école, Aïcha lui demande d'arrêter. Elle est enceinte. Elle a besoin d'aide. Zahia ne veut pas abandonner ses cours. Mais son père soutient sa femme. Elle est sous le choc. Elle refuse de les écouter… 9eme partie Zahia a beau se rebeller, trouvant la décision de son père injuste. Elle ne comprend pas qu'il puisse accepter de la priver de ses cours. Elle se rappelle le temps où il la défendait bec et ongles. Il lui avait toujours donné raison. Pourquoi ce revirement maintenant ? Elle aura quatorze ans et alors qu'elle n'aspire qu'à la liberté, la voilà forcée de rester à la maison. La première journée est terrible. Et les suivantes encore plus. Elle ne supporte pas les remarques de sa belle-maman qu'elle a toujours derrière le dos. Pour la ramener sur terre, pour lui ordonner de faire ceci ou cela. - Ne me parle pas comme ça ! - Si tu faisais ce que je te dis, je n'aurais pas à te surveiller ! - Et comment ? Tu n'as pas mal au dos pour me trouver et crier après moi mais pour le faire toi-même, c'est une autre histoire ! Tu te sers de ce prétexte pour te rouler les pouces ! - Ce n'est pas toi qui cuisines ! Zahia a un sourire ironique. - Je t'épluche les légumes. Je prépare la pâte à lever… Qu'est-ce que tu fais réellement depuis que je suis coincée ici ? - Je garde un œil sur toi, sur ce que tu fais, réplique Aïcha. Et je tiens un peu compagnie aux vieux… Tu oublies que c'est grâce à eux qu'on vit en ville ! - C'est grâce à nous s'ils ne meurent pas de faim ! Si la poussière et l'humidité… - Chut ! Parles moins fort ! ordonne la belle-maman. Chacun y trouve son compte ! ajoute-t-elle doucement. On vit dans une villa bien meublée. On ne manque de rien… -Oui, toi… Mais moi, je suis là, à trimer pour rien ! Ces gens ne sont pas notre famille ! On ne sera jamais chez nous, crie Zahia. Lorsqu'ils ne seront plus satisfaits, ils nous mettront à la porte ! En fait, tu as tellement peur de retourner au village que tu préfères me sacrifier ! Aïcha s'emporte. - Arrêtes de crier ! - J'en ai marre ! Je crierais si je veux ! La belle-maman lui donne deux gifles. Zahia ne se laisse pas faire. Elle la pousse et Aïcha tombe en arrière. Elle crie de douleur. Elle voudrait se lever mais n'y parvient pas. - Aides-moi à me relever ! - Non ! - Aides-moi, je t'en prie ! Je n'y parviendrais jamais seule, soupire Aïcha, en se mordant la lèvre, pour ne pas crier. J'ai mal. J'ai mal… Zahia prend peur. Elle voudrait l'aider. Elle voit bien sa souffrance, sur son visage. Lorsque son père saura, il ne sautera pas de joie. D'ailleurs, leurs cris ont attiré l'attention des vieux, dans le salon. Elle entend quelqu'un marcher vers la cuisine. - Tu sais de quoi je suis capable. Jures-moi de ne rien dire à mon père ! - Oui, oui ! Je te le jure… - Je suis capable de recommencer si tu oses le lui dire, un jour, la menace Zahia en l'aidant à se relever. À la vieille qui s'est trainée jusqu'à la cuisine, Aïcha ment. - J'ai eu un malaise, dit-elle en peinant à se redresser. Ma grossesse s'annonce difficile ! - La jeune aussi ! Vous vous êtes querellées ! Aïcha s'empresse de la contredire. Juste une discussion où elles se sont lâchées. Parce qu'elles se sentent si bien ici comme si elles étaient chez elles… A. K.