Vous voulez savoir ce qui se passe Algérie en direct ? Vous voulez comprendre les raisons des émeutes ? Une solution : connectez-vous. Internet est devenu le miroir de la société civile, la vraie. Réseaux sociaux, blogs et autres sites de messageries instantanées, ont eu leur “part” des émeutes. Ceux qui ne sont pas sortis dehors pour assister, ou participer aux émeutes se sont retrouvés devant leur écran à suivre les “évènements”. C'est uniquement sur le Net que les Algériens ont trouvé le moyen de se défouler, de s'exprimer ou de crier leur rage. Facebook a ainsi pris une autre dimension ces derniers jours. Les infos se sont propagées à une vitesse vertigineuse. En direct, les nouvelles sont publiées sur les profils des internautes. Une émeute est déclenchée à Bab El-Oued, à Oran, à Bab-Ezzouar, à Kouba, et déjà l'info fait le tour de la Toile. Mieux encore, les vidéos des affrontements et des manifestations sont publiées presque en direct. Pour être édifié, il suffit juste de mettre “émeutes Algérie” sur le site Youtube. La Toile a été également l'occasion de faire circuler les rumeurs les plus folles. Il a été même question de morts, et ce, dès mercredi soir, dans certains quartiers d'Alger. Des informations qui se sont avérées fausses. Ceux qui n'ont pas pu, ou pas voulu, participer aux émeutes, ont voulu ainsi s'exprimer à leur manière : “Où sont les partis politiques ? Les syndicats ? Les élus ? La société civile ? Il n'y a personne qui nous représente ! Nous sommes un peuple abandonné”, était sur le profil d'un jeune étudiant Algérois. Un autre, fonctionnaire, trentenaire, célibataire, mettait : “Je n'ai rien et je n'ai rien à perdre ! Je n'ai aucun avenir alors khaliha takhla (laisse les choses se dégrader), ce pouvoir l'a voulu”. Evidement il y a d'autres “sons” de cloche même si quasiment tous sont d'accord sur le fait qu'il “fallait faire quelque chose”. Certains, tout en se disant que “ces jeunes ont raison”, affichaient leur “indignation” devant “le sac des édifices publics” et les “agressions signalées dans plusieurs endroits”. Cette effervescence est une énième preuve du grand décalage des médias lourds par rapport aux Algériens. Personne ne cherche les informations sur l'ENTV ou sur les radios publiques. Encore une fois, ces structures aphones se sont distinguées par leur absence. Jusqu'à jeudi soir, aucune information n'avait filtré sur les émeutes. Mais quand cela a été abordé lors du JT de 20h d'avant-hier c'était en utilisant une langue de bois rappelant le fameux “chahut de gamins” du 5 Octobre 1988. Triste réalité ! C'est pourquoi l'ouverture du champ audiovisuel est d'une urgence criarde. Les discours sans âme, et les promesses sans fin, n'ont plus d'effet. Les émeutes de ces derniers jours sont venues démontrer que c'est même très dangereux. Il y va de l'avenir du pays. À défaut de partis politiques, d'élus représentatifs, de société civile réelle, la Toile reste le défouloir des Algériens. C'est loin d'être suffisant. C'est surtout la preuve d'une frustration généralisée.