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Les enfants sont nés pour être heureux
Kafala
Publié dans Liberté le 07 - 04 - 2011

L'Algérie s'honorerait en appliquant la loi permettant aux enfants makfoul de figurer sur le livret de famille de leurs parents kafils.
J'ai lu avec attention les comptes rendus publiés dans la presse nationale de la conférence donnée par Me Benbraham sur la kafala. Je n'ai pas assisté moi-même à la conférence de Me Benbraham et M. Mohamed-Cherif Zerguine, je le regrette. M. Zerguine m'avait invité par sms mais je n'ai pu malheureusement me libérer. Je voudrais apporter modestement ma contribution à ce débat. Je me sens interpellé au double titre d'ancien président d'une association nationale s'occupant d'enfants abandonnés et gérant de deux importantes pouponnières et, surtout, de parents kafils.
Votre journal rapporte un certain nombre de déclarations qui méritent commentaires. Considérer la loi de 1991 comme une loi scélérate qui contrevient aux principes islamiques (c'est ce que j'ai compris des comptes rendus de presse) est inexact et inutilement outrancier. Cette loi a fait suite à une fatwa donnée par le défunt cheikh Hamani sur conseils du défunt Saïd Aït Messaoudène dont la piété et l'humanisme sont dignes de respect. En l'espèce, cette loi permettait à la mère biologique de se voir accorder un délai de trois mois avant de prononcer l'abandon définitif de son enfant. Commençons par ce point. Il a été considéré que la mère biologique n'était pas en mesure au moment de son accouchement de se prononcer sur une question aussi essentielle dans sa vie, qu'elle était fragilisée physiquement et socialement, qu'il fallait lui donner le temps pour se prononcer. Le délai de trois mois, pendant lequel son enfant pouvait rester en pouponnière, était considéré comme relativement suffisant pour elle pour se prononcer. Je dis relativement car il faut tenir compte de l'enfant qui a droit à une famille. Tous les enfants ont droit à une famille. Il faut ménager les possibilités pour que des parents kafils puissent donner à cet enfant ce cadre naturel indispensable à son épanouissement. Il n'est pas possible que cet enfant reste indéfiniment dans l'attente d'une décision que sa mère biologique tarde à prendre, que, parfois objectivement, elle ne peut prendre et qu'affectivement elle aura tendance à reporter. Le délai de trois mois est apparu suffisant pour que la mère se prononce et en même temps pour que les parents kafils puissent accueillir cet enfant suffisamment tôt dans leur famille pour faciliter son intégration et lui donner l'amour et les soins qu'il en attend naturellement. Prolonger indéfiniment le délai imparti à la maman biologique pour se prononcer conduit à compromettre les chances pour ces enfants de se voir adoptés sous le régime de la kafala et peut donc leur faire beaucoup de tort. J'ai beaucoup de respect pour Me Benbraham et, aussi, qu'elle me permette de le dire, surtout à Mohamed-Cherif Zerguine dont le combat est en même temps émouvant et aussi hautement producteur de sens.
Les enfants abandonnés lui devront beaucoup demain pour tout le travail de communication, de conviction, qu'il fait avec son innocence et avec son cœur. Mais je ne partage pas les conclusions de Me Benbraham. J'en arrive à la deuxième mesure importante contenue dans la loi mentionnée par notre avocate et militante de l'enfance. Le principe de la kafala est distinct de l'adoption en droit musulman, el-tabani, et je n'ai pas connaissance de transgressions de ce principe dans le cadre des procédures effectuées sous la responsabilité des DAS et consacrées par un acte de justice. Notre prophète lui-même y avait eu recours avec Zayd, son enfant adoptif, il n'y a donc aucune bidaâ en la matière. En revanche, permettez-moi de jeter un pavé dans la mare car les transgressions couramment commises et qui consistent à dissimuler l'acte de kafala et remettre l'enfant directement à sa famille adoptive qui va le porter sur son état civil sans mentionner les conditions dans lesquelles elle l'a accueilli, se font hors du processus de kafala. Je n'omets pas aussi les enfants qui peuvent être confiés à des familles vivant hors d'Algérie et dont rien ne garantit, d'ailleurs, qu'elles fussent musulmanes. Je n'omets pas aussi les enfants arrachés aux pouponnières par des mamans biologiques vivant dans une extrême précarité, souvent sans toit, au nom du droit, précisément, de ces femmes sur leurs enfants biologiques. J'avais en leur temps porté toutes ces questions à la connaissance des DAS d'Alger et de Tipasa qui s'emploient à y mettre un terme. Ils doivent être aidés dans cette tâche combien difficile. Abordons, enfin, un autre aspect de cette loi et qui est la concordance de noms entre enfant mekfoul et parent kafil. Cette mesure, pour laquelle s'était battu le grand militant humanitaire Témi Tidafi, aujourd'hui disparu, et qui a été rendue possible par l'engagement de Saïd Aït Messaoudène ainsi que la haute vision et l'ouverture d'esprit à l'Ijtihad de cheikh Hamani, a apporté beaucoup à ces enfants victimes de la société, de ses non-dits, de l'hypocrisie des hommes. Aujourd'hui, ces enfants portent le nom de la famille qui les a accueillis, pour laquelle ils ont apporté le bonheur, et qui les a comblés en conséquence. Pourquoi vouloir leur marquer sur leur front leur différence jusqu'à l'éternité. Je parle d'hypocrisie car il faut être deux pour faire un enfant, un homme et une femme. Dès lors que l'enfant est en gestation, la femme se retrouve seule pour l'assumer, et dès lors que la femme a prononcé sa décision d'abandon, l'enfant se retrouve seul à assumer jusqu'à la fin de sa vie une réalité réprouvée par la société dont elle est la face cachée, le non-dit, et dans la conclusion de laquelle cet enfant est totalement étranger. La société s'honorerait à considérer ces femmes comme des victimes, les accueillir et les aider à vivre cet épisode traumatisant de leur vie.
Ça peut être votre amie, votre sœur, votre fille, elle n'est qu'un être humain, abdou dhaîff, et vous l'êtes vous-même, nous le sommes tous. Seul Dieu Tout-Puissant est en mesure de connaître et juger nos âmes. La société s'honorerait également à donner aux enfants abandonnés toute leur place et les aider à vivre ce qu'ils peuvent considérer comme une blessure, à la banaliser, à mettre leur vie positivement en perspective. Cela est d'autant plus valable pour les enfants élevés en institution, beaucoup moins, j'en suis persuadé pour les enfants ayant grandi dans des familles qui, intelligemment, leur ont fait comprendre et intégrer leur histoire. Je comprends M. Zerguine lorsqu'il revendique le nom de son père. J'ai lu son livre et il m'a ému. Je voudrais lui dire que pour ma fille, je suis son père et ça lui suffit. Le grand combat aujourd'hui est qu'une disposition essentielle de la loi de 1991 n'est pas encore appliquée : l'inscription des enfants makfouls sur le livret de famille des parents kafils. Cette avancée est aujourd'hui essentielle car elle détermine le bonheur de ces enfants qui ont droit au bonheur comme tous les enfants d'Algérie. Tu as été d'une grande sincérité, Mohamed-Chérif, dans ton livre, je vais l'être avec toi. Lorsque je vais chercher une fiche familiale d'état civil, je détourne toujours les yeux pour ne pas la lire et pourtant je suis attiré par la feuille blanche et j'ai les larmes aux yeux quand je la lis car je n'y trouve pas le nom de ma fille.
Le grand combat aujourd'hui est qu'une disposition essentielle de la loi de 1991 n'est pas encore appliquée : l'inscription des enfants makfouls sur le livret de famille des parents kafils. Cette avancée est aujourd'hui essentielle car elle détermine le bonheur de ces enfants qui ont droit au bonheur comme tous les enfants d'Algérie.
Dr M. P.


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