À trois mois de sa mise en marche, le métro d'Alger capte toute l'attention des Algérois. Jeudi, c'était le tour de la station Khelifa-Boukhalfa de se dévoiler au grand public. Dès 21h30, l'heure du début de la visite, les familles venues expressément pour voir leur nouveau mode de transport affluaient en masse. En quelques minutes, la station et l'escalier mécanique sont envahis par un grand monde. Impossible de se frayer un chemin. Les visiteurs scrutent les moindres recoins de la station. Les guichets ne désemplissaient pas. Certains curieux de voir l'intérieur des cabines où les billets seront vendus, d'autres venus pour s'informer. Une queue s'est vite formée devant les tripodes (appareils de contrôle). Les présents examinaient les appareils, car pour la majorité c'est pour la première fois qu'ils découvrent les tripodes. Petits et grands avaient tous un regard émerveillé. Mais ils étaient surtout impatients de voir enfin le projet du métro se matérialiser, après 30 ans d'attente. Bien que l'accès au quai n'ait pas été autorisée, la vue des rames en marche était possible à travers une glace faisant office d'écran géant. À chaque coup d'alarme signalant le passage de la rame, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, couraient et se bousculaient pour être aux premières loges et découvrir leur futur moyen de transport. Téléphones portables et appareils photo en main, les Algérois ont tenu à mémoriser l'instant. Des groupes de jeunes prenaient des poses à l'intérieur de la station et devant les différentes structures que comptent les lieux. De nombreux visiteurs ont, ainsi, découvert le métro d'Alger ou, du moins, l'environnement du métro et ont pu se familiariser avec la station. Au fil des heures, la foule grossissait, surtout après la fin de la prière de tarawih, car la station se situe face à une mosquée. Les lieux étaient tellement bondés qu'il n'était pas aisé d'y entrer ou d'en sortir. Une file d'attente s'est créée même devant la porte de sortie. Les agents de police ont dû intervenir et organiser les choses pour que les visiteurs puissent quitter les lieux dans le calme. Le design de la station est soigné. Rien n'a été laissé au hasard, les murs sont complètement revêtus de faïence. Outre les escaliers mécaniques menant vers les quais et à l'intérieur de la station, les lieux comptent des “escaliers simples” pour faciliter la circulation des personnes lors des heures de pointe. Moderne, la station est réalisée selon les normes internationales. Jeudi prochain, ce sera la station de la Grande-Poste qui ouvrira ses portes au public. Cela entre dans le cadre de la campagne d'information et de sensibilisation initiée par l'entreprise RATP El-Djazaïr, chargée de la gestion du métro d'Alger. Une fois les essais du constructeur terminés et le public largement informé sur les usages à adopter à l'intérieur, RATP El-Djazaïr entamera la marche à blanc des rames. C'est-à-dire la mise en service non commerciale. Ce sera fait à partir du 8 septembre pour une période de quelque trois semaines. L'entreprise prévoit d'effectuer quelque 100 exercices en y faisant participer un certain public. Le 31 octobre, il y aura la réception provisoire, et début novembre, l'inauguration officielle. Au-delà de la joie de voir enfin le métro d'Alger, le rush qu'enregistrent les portes ouvertes dénote surtout de l'absence de loisirs et du fait que les Algérois manquent cruellement d'espaces de détente.
