Le cocktail chaleur-Ramadhan risque d'être explosif. Les intoxications, qui traditionnellement sont légion en été, risquent de connaître un pic cette année. Le souci du gain facile, associé à une consommation effrénée au mépris des règles élémentaires d'hygiène, fait craindre le pire. Chaque année, l'Algérie enregistre environ 20 000 cas d'intoxication. La plupart surviennent en période de grande chaleur et sont sans doute évitables. Elles sont dues à un non-respect des normes en matière d'entreposage, de stockage et de respect de la chaîne de froid. Des produits frais sont vendus à même le trottoir, exposés au soleil des heures durant à des prix défiant toute concurrence. Pas la peine de faire des études de marché ou autres pour savoir quelle est la marchandise qui se vendra le mieux. C'est le Ramadhan et tout se vend. Il y a surtout des produits qui se vendent beaucoup plus que d'autres, car ils sont indispensables et irremplaçables. C'est évidemment le cas pour les feuilles de dioul sans lesquelles on ne peut préparer les bourek qui accompagnent la traditionnelle chorba. Et cette dernière ne peut être succulente sans une bonne poignée de frik et quelques feuilles de coriandre. Ces espaces de vente apparaissant uniquement pendant le Ramadhan sont généralement étroits, ne disposant pas de structure de stockage. Ces épiceries à ciel ouvert, sous un soleil de plomb où les gens se bousculent, proposent de tout, même des fromages de courte durée de vie. Les vendeurs s'approvisionnent en produits le jour même, et lorsque la marchandise ne s'écoule pas, ils arrivent souvent à la revendre le lendemain, alors qu'elle a été exposée sous un soleil de plomb et à la poussière. Ces commerces ne sont équipés ni de présentoir ni de frigo pour maintenir au frais les aliments qu'ils proposent aux consommateurs. Les produits étalés au vu des passants sont aussi exposés aux gaz d'échappement des véhicules qui passent à proximité et d'autres polluants. Cela sans oublier l'altération de ces aliments par les mouches et autres insectes. Le consommateur encourt également le risque pour ce qui est des jus et autres boissons gazeuses qui sont vendus dans des sachets, sans aucun respect des normes d'hygiène et de santé. Les vendeurs mais surtout certains consommateurs défient le bon sens. Comment peut-on par plus de 30 degrés à l'ombre acheter du fromage ou des œufs à un vendeur à la sauvette ? Réponse des acheteurs : “C'est moins cher." Mais peut-on sous prétexte d'économiser quelques dinars mettre en péril sa santé ? Si le couple vendeur-acheteur est parfois complice, l'état peut-il, lui aussi, fermer les yeux face à ce qui devrait être inscrit comme un problème de santé publique ? S. S.