L'année 2012, date du cinquantième anniversaire de l'indépendance, aurait pu constituer un moment propice pour les dirigeants politiques algériens, les élites intellectuelles, les entrepreneurs et la société civile d'évaluer les réalisations accomplies, mais aussi de reconnaître les erreurs du passé et de mesurer les retards accusés par le pays, notamment dans le domaine économique. Le “nouveau" ne vient-il pas de la déclaration d'Alger signée par Bouteflika et Hollande ? Au-delà des élections législatives et locales ainsi que du remaniement ministériel, qui ont eu lieu, l'exercice du bilan et des perspectives avait déjà fait l'objet d'un symposium organisé les 14 et 15 mars 2012 par le FCE autour de la thématique : “De l'urgence d'une économie moins dépendante des hydrocarbures". Hasard du calendrier ou calcul politique, la visite de François Hollande, sanctionnée par la déclaration d'Alger, a permis une rencontre ente le FCE et une délégation du Medef en présence du président français. “Tout conduit à ce que l'Algérie soit un partenaire économique majeur pour la France". À cette déclaration de Hollande, Hamiani de considèrer que la diversification de l'économie algérienne est un enjeu de premier ordre et d'exprimer le souhait des entreprises algériennes “de pouvoir bâtir avec les entreprises françaises des projets communs qui nous aident à moderniser notre outil de production, à améliorer notre compétitivité et à mieux nous insérer dans le mouvement des échanges mondiaux". Cette rencontre semble coïncider avec les préoccupations économiques, que le FCE, les acteurs économiques et les experts avaient délivrées à travers un message : l'Algérie doit impérativement diversifier son économie pour rompre avec la rente pétrolière et se diriger vers un nouveau paradigme économique, pour assurer l'avenir et le bien-être des générations futures. Il s'agit de projeter l'Algérie, dans un lendemain plus exigeant, plus compétitif, qui puisse garantir la sécurité des jeunes générations, dans un monde en plein bouleversement. Comme en écho à ce diagnostic, le volet économique de la déclaration d'Alger est consigné en ces termes : “Les deux parties entendent valoriser leurs atouts et développer une stratégie visant à promouvoir le partenariat industriel entre opérateurs algériens et français. Cette stratégie devrait être mutuellement bénéfique et se traduire par le développement de l'investissement et la préservation ou la création d'emplois sur le territoire de chacune des deux parties ainsi que par le transfert des compétences de technologies". En vérité, après un demi-siècle d'indépendance, les politiques économiques successives menées ont été marquées, traversées et parsemées d'expériences, oscillant entre le “tout Etat" et un “libéralisme débridé", sur fond de fraude fiscale, de prédominance du marché informel et de corruption. Les incohérences des décisions des dirigeants ont fait hésiter nos partenaires étrangers, pis encore, ont découragé les plus hardis des entrepreneurs nationaux. C'est le constat sans appel que les experts et le FCE avaient établi. “L'économie algérienne passant par différentes phases de tâtonnements, n'arrive toujours pas à trouver ses repères et tirer les leçons des échecs précédents et des erreurs passées". En fait, objectivement, le secteur privé productif national, marginalisé est concerné au premier chef par l'apport de capitaux extérieurs. Les investissements étrangers dans une économie locale créent une dynamique de compétition entre les facteurs et rapports de production — locaux/extérieurs — dans le sillage de laquelle le capital national (privé et public), peut trouver ses comptes, en termes de transferts technologiques, de formation de la ressource humaine, de développement des activités de sous-traitance, de montage de projets de partenariat et ce faisant, l'émergence d'un large spectre de PME-PMI avec à la clé, la création de l'emploi. L'économie nationale n'ayant pas été relancée de façon significative d'aucuns évoquent la “panne" de vision stratégique et cohérente du développent économique en général et du secteur industriel en particulier. Ainsi l'année 2012 ne semble pas s'achever sous de bons auspices, notamment en termes de perspectives économiques. Après cinquante ans d'indépendance, l'Algérie, avec toutes les réalisations économiques et sociales qu'il faut tout de même noter et saluer, vit toujours sous l'emprise de la corruption. Pis encore, ce “fléau économique, financier et social" qui ronge en profondeur la société et les institutions étatiques, ne finit pas de s'amplifier au fil des ans. A. H.