Beaucoup ou peu a été dit et écrit sur le Printemps arabe, mais deux ans après le début des révoltes populaires qui ont chassé des chefs d'Etat qui jusque-là croyaient avoir le bouclier protecteur de l'Occident, la démocratie n'est pas encore là ! Ainsi, si les dictatures panarabistes sont tombées, d'autres régimes plus autoritaires, et cette fois-ci, avec la légitimité des urnes ont pris place. L'Occident, qui avait applaudi la marche des peuples arabes pour la dignité et la liberté, découvre l'islamisme plus fort que jamais. Les espoirs de justice et d'Etat de droit ne sont pas pour demain, et la tentative du président égyptien Mohamed Morsi de vouloir monopoliser la décision a été cette alerte que les mouvements fondamentalistes ne peuvent, ni culturellement ni politiquement, adopter la démocratie comme mode de gestion de l'Etat. Ils s'en servent uniquement pour arriver au pouvoir. Au-delà de ce cas, le combat de la société civile et des démocrates en Tunisie renseigne également sur la difficulté de composer avec les islamistes même si certains parrains occidentaux du Printemps arabe trouvent dans cette situation des motifs d'espoir et une belle illustration de la confrontation des idées dans le cadre du dialogue politique. Mais deux ans plus tard, le Printemps arabe n'est pas encore terminé. La crise économique qui sévit en Egypte et en Tunisie, l'instabilité qui perdure en Libye et la guerre qui se prépare au Sahel pour déloger les islamistes du nord du Mali constituent des ingrédients d'une situation explosive. Et la question revient lancinante : comment peut-on lutter contre le terrorisme en épargnant l'islamisme qui est l'essence même de la violence terroriste ? Si l'Algérie est un cas d'école en la matière puisque les autorités ont pu domestiquer les partis islamistes qui eux-mêmes condamnent le terrorisme mais au prix de milliers de sacrifices, ce n'est pas du tout évident ailleurs. Le Printemps arabe a, en tout cas, ouvert la boîte de Pandore. Si les dictatures ont, pour une raison ou une autre, fait le lit de l'intégrisme qu'elles ont instrumentalisé pour les besoins du pouvoir, personne ne peut prédire en revanche ce qui sortira des révolutions arabes.