“Il faut miser sur les disciplines porteuses�

M. Jacques Rogge, Président du CIO, à Liberté

À Alger, depuis jeudi, le patron des Olympiades apporte une bonne nouvelle aux sportifs algériens. Le Comité international olympique soutiendra l’Algérie financièrement à améliorer ses infrastructures sportives.
Liberté : Monsieur le président, peut-on connaître les raisons de votre séjour en Algérie ?
M. Jacques Rogge : Je n’ai fait que répondre, avec un immense plaisir, à une invitation du président du Comité national olympique algérien. J’avais déjà visité le Maroc et la Tunisie. Aujourd’hui, je viens de boucler la boucle au Maghreb avec ma visite en Algérie. Cela étant, je connaissais l’Algérie à travers mes amis algériens vivant en Europe. Maintenant, je suis au contact directement et j’apprécie énormément cette grande chaleur humaine de votre peuple dont l’hospitalité est légendaire.
Est-il vrai que le CIO va aider financièrement l’Algérie pour restaurer les installations sportives touchées par le séisme du 21 mai 2003, et d’autres infrastructures ?
Cela est exact. Le Comité international olympique a contribué à la construction du site sportif de Tikjda, particulièrement la piste d’athlétisme du complexe. Nous apporterons tout le soutien nécessaire, dans les limites des possibilités financières du CIO, à votre pays sur ce plan-là .
Y a-t-il un espoir de voir un jour l’Afrique abriter les Jeux olympiques, comme cela va être le cas avec la Coupe du monde de football ?
Vous savez, les Jeux olympiques n’ont rien à voir avec une coupe du monde de football. Cette compétition ne regroupe que les footballeurs et ne nécessite pas autant de moyens humains, matériels et infrastructurels que les Jeux olympiques, malgré tout son prestige et son gigantisme. Les Jeux olympiques c’est plus de 10 000 athlètes, des milliers de journalistes et des millions de visiteurs. Il est difficile de répondre aux exigences du cahier des charges. Les pays africains qui voudront organiser cette manifestation d’envergure auront besoin d’énormément de moyens sur tous les plans. Cela demande beaucoup d’investissements, mais il n’est pas exclu de voir un jour l’Afrique accueillir ce rendez-vous. On verra plus clair après l’organisation de la Coupe du monde de football par un pays africain en 2010.
La 28e Olympiade aura lieu à Athènes, en août prochain, et il semblerait qu’on accuse un retard considérable dans la préparation. N’êtes-vous pas inquiet ?
Non pas outre mesure. C’est vrai que les choses n’ont pas avancé comme il faut, mais on peut rattraper le retard. Nous faisons entièrement confiance à nos amis grecs, qui travaillent d’arrache-pied pour être prêts le jour “J�. Nous suivons régulièrement l’état d’avancement des travaux et cela évolue positivement pour le moment. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter plus qu’il ne le faut.
Le monde connaît beaucoup de guerres et de conflits. Quel rôle peut jouer la trêve olympique ?
La trêve olympique, qui remonte au temps de la Grèce antique, constituait un arrêt total des hostilités pendant le déroulement des Jeux olympiques pour permettre aux participants de se rendre au lieu des compétitions en toute sécurité. Aujourd’hui, le Comité international olympique n’épargne aucun effort pour faire adhérer les politiques de ce monde à cette démarche afin que toutes les guerres cessent, ou soient suspendues durant les Jeux olympiques. Certes, le sport ne peut pas transformer le monde à lui seul, mais il peut contribuer à un monde pacifique.
Nous ferons tout ce qui est en notre ressort pour que le sport soit un facteur de rapprochement entre les peuples et un moyen de raffermissement des liens d’amitié. Notre souhait est de voir les guerres bannies à jamais et que la paix règne aux quatre coins de la planète.
Quels conseils donnerez-vous aux pays en voie de développement dans le domaine sportif pour obtenir des résultats ?
Le meilleur moyen est de ne pas se disperser sur plusieurs disciplines à la fois. Il serait judicieux de consacrer les moyens existants aux disciplines à même de vous apporter des satisfactions. En effet, il faut miser sur les sports qui ont donné de bons résultats et où il existe des athlètes capables de réussir, au lieu d’éparpiller les moyens à gauche et à droite et ne rien récolter en fin de compte.
Êtes-vous satisfaits des entretiens que vous avez eus avec les autorités sportives et politiques algériennes ?
Oui et j’ai ressenti un engagement et une volonté pour développer le sport. Samedi, avant mon départ, je serai reçu par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika.
Ce sera l’occasion de parler de sport et de lui décerner la médaille du Mérite olympique du CIO, pour les efforts qu’il a déployés pour le sport depuis qu’il a été le premier ministre de la Jeunesse et des Sports de l’Algérie indépendante. Nous apporterons tout notre soutien aux dirigeants du sport algérien sans ménagement.
Dans l’ensemble, je suis très content de mon séjour, qui m’aura permis de mieux connaître ce magnifique pays.
K. A.