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Les oranges amères 45e partie
Publié dans Liberté le 16 - 02 - 2014

Résumé : Camélia prépare sa mission à Paris. Youcef, le photographe, va l'accompagner ainsi que Omar. Ce dernier se passionnait déjà pour son travail et ils planifièrent ensemble leurs différents déplacements dans la capitale française. Durant ce temps, Hassen émergeait d'un coma qui avait duré plusieurs jours.
Hassen ouvrit ses yeux, puis les referme. Une lueur blanche l'avait aveuglé, et il sentit une pression sur tout son corps.
Il tente de bouger un bras mais il le sentit si lourd et insensible qu'il battit en retraite. Sa gorge était si sèche qu'elle le brûlait... Depuis quand n'avait-il pas bu un verre d'eau... ?
Sa langue était pâteuse et il n'arrivait pas à la bouger... Il tente d'ouvrir la bouche... Ses lèvres sèches et déchiquetées lui provoquèrent tout de suite une vive douleur. On dirait qu'on lui avait entaillé la chair avec un couteau brûlant. Où était-il donc ? Que s'était-il passé ?
Il sentit sa tête peser une tonne... Un tuyau passait à travers sa narine gauche et descendait dans son gosier.
Il entendait maintenant nettement les sons qui l'entouraient. Un bruit de chariot qu'on tirait... Des gens qui parlaient... Une femme qui pleurait...
Quelqu'un avait pris sa main... Il ne pouvait savoir qui c'était, mais comme dans un ultime élan de survie, il avait lui aussi serré la sienne.
-Il est encore fatigué. Dans quelques heures, il pourra reprendre tous ses sens. On peut dire qu'il a échappé de justesse à la faucheuse...
-Merci Docteur, je ne sais pas quoi vous dire ni comment vous exprimer ma gratitude... Que Dieu vous récompense et vous protège.
C'était la voix de sa mère... Hassen l'avait nettement entendue cette fois-ci. C'était elle qui pleurait et c'était elle aussi qui lui tenait la main... Wassila n'était pas venue !
Il avait compris... Il reprenait ses sens, et sa mémoire revenait... La nuit, l'autoroute, la pluie sur le pare-brise, le dérapage et l'accident...
Depuis combien de temps était-il resté inconscient ? Avait-il réellement frôlé la mort ?
Il n'en doutait plus. Son état général n'était pas au beau fixe. Il a sûrement des fractures... Des coups de marteau résonnaient dans son crâne, et son bras gauche le torturait. Il ne sentait pas ses deux pieds.... Etait-il... paralysé ?
Il tente encore d'ouvrir ses yeux et de soulever sa tête. Impossible... Il avait l'impression de flotter...
La main de sa mère serrait toujours la sienne. Il reprend un peu confiance, et essaye de prononcer quelque chose. Il réussira à ouvrir la bouche et à bouger ses lèvres, mais aucun son n'en sortit.
Alors il replonge dans le noir, et sombre encore une fois dans le labyrinthe d'un sommeil loin d'être réparateur.
Combien d'heures avait-il dormi ?
Il n'en savait rien... Seule la pression de la main de sa mère sur la sienne lui faisait sentir qu'il n'était pas totalement inconscient.
Quelqu'un s'adressa à lui à haute voix, il comprit que c'était le médecin :
-Vous pouvez ouvrir les yeux Hassen... N'essayez plus de dormir... Vous êtes hors de danger... C'est un vrai miracle !
Une autre voix lui succède. Celle de sa mère :
-Mon fils, j'ai longtemps prié Dieu de te garder en vie... Mon vœu a été exaucé. Je n'en crois pas encore mes yeux... Tu es vivant !
Il l'entendait sangloter. Ses larmes lui faisaient mal... Il n'aimait pas les larmes et la souffrance... Il était médecin et avait déjà eu fort à faire avec des patients dans son état. Il avait vu des femmes pleurer et perdre connaissance devant le corps inconscient d'un proche... Il se rappelle alors qu'il avait lui aussi tenté de les calmer en demandant au malade de faire un signe de la main ou d'ouvrir les yeux.
Prenant alors son courage à deux mains, il ouvrit tout grand ses yeux. Il est tout de suite ébloui par la lumière blanche des néons. Un flash... Puis un deuxième... Mais à la troisième tentative il pu regarder autour de lui.
Sa mère était penchée sur son corps et retenait toujours sa main. Il la regarde dans les yeux et tente de lui transmettre un message rassurant. Il réussit à ébaucher un sourire puis à verser une larme.
Le médecin de service s'approche de lui, et lui donne à boire un peu d'eau avec une paille.
-Cela va vous décongestionner la gorge...
Il sourit : Je n'ai rien à vous apprendre là-dessus...Je parle à un médecin. Je ne peux rien vous cacher non plus sur votre état... Vous venez de vous réveiller d'un coma qui a duré plusieurs jours.
Hassen avale difficilement quelques gorgées d'eau... Il comprenait mieux maintenant pourquoi il était aussi faible... Un coma profond... Il était pratiquement mort durant des jours.
Il regarde le médecin d'un air interrogateur, et ce dernier le rassure :
-Le plus gros est passé. Vous n'allez certes pas danser le sirtaki tout de suite, mais disons que dans quelques semaines vous pourrez quitter l'hôpital et entamer une rééducation.
Hassen fronce les sourcils : une rééducation ?
(À suivre)
Y. H.
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