Bush reste fidèle à ses convictions. Pas de gros bouleversements en matière de politique étrangère. C'est ce que vient d'affirmer son secrétaire d'Etat Colin Powell, soulignant que Bush projette de continuer, durant son second mandat, une politique extérieure combative, conformément à ses vues politiques et à “ses croyances”. Le président ne va pas fléchir ni reculer, a-il déclaré au quotidien londonien Financial Times. Le message est, apparemment, destiné, en priorité, aux Européens qui supputent des changements chez Bush dans le sens d'un meilleur multilatéralisme. Bush avait, en effet, laissé entrevoir dans ses premières déclarations après sa victoire contre kerry une attitude plus conciliante aux Etats-Unis mais aussi à l'étranger. Bush avait même dit être à l'écoute de ce qui bruit dans le monde. Powell, donné pour partant et devant même être remplacé par C. Rice, selon des indiscrétions largement relayées par la presse américaines, a balayé du revers de la main ces supputations, avertissant que Washington n'hésiterait pas à agir seul si cela s'avérait nécessaire, avec la précision que cette position ne s'appliquait pas seulement à l'Irak mais aussi à d'autres problématiques internationales. D'ailleurs, au moment où le secrétaire d'Etat faisait cette mise au point, les forces américaines, appuyées par des éléments de la future armée irakienne, se lançaient à l'assaut de la ville irakienne de Falloujah, dans le but de raser ce qu'il en reste. D'aucuns avaient pensé que Bush — libéré des contraintes électorales, il ne peut briguer un autre mandat — pouvait infléchir son unilatéralisme, qui a fait de l'Amérique une superpuissance détestable. Erreur sur toute la ligne. Powell a tout juste admis que les Etats-Unis essayeront de dépasser les désaccords soulignant, qu'après tout, c'est l'Amérique qui a fait tout le travail, s'appuyant notamment sur la guerre en Irak. Sur cette question, les Américains devraient poursuivre leur politique, jusqu'à la normalisation de Bagdad, dont le processus ressemble à celui mis en œuvre en Afghanistan où Karzaï vient d'être légitimé par des élections et où également la coopération internationale a fonctionné, en apparence, sans trop de couacs. Powell estime, par contre, que les Etats-Unis étaient prêts à mettre la pression pour que le Moyen-Orient retrouve la paix, en s'appuyant sur les opportunités déclenchées dans la hiérarchie palestinienne par la maladie de Yasser Arafat. Nous sommes prêts à saisir cette opportunité avec détermination, a-t-il déclaré, désignant le Moyen-Orient comme l'un des plus importants chantiers du second mandat de Bush. Le secrétaire d'Etat s'est, par ailleurs, déclaré, depuis Mexico, impressionné par la manière avec laquelle les dirigeants palestiniens discutent entre eux et avancent dans leurs discussions sur l'avenir de leur peuple, alors que leur leader Yasser Arafat lutte contre la mort à Paris. “En contact avec toutes les parties, le président Bush et moi sommes prêts à nous engager aussitôt qu'il sera approprié pour nous de le faire”, a-t-il annoncé. Bush a-t-il admis qu'il lui faut régler la question palestinienne ? Mais, a priori, son Amérique devrait rester égale à elle-même. D. B