Les médecins spécialistes du secteur privé de la wilaya de Bouira ont organisé, hier, une journée de protestation pour dénoncer les nouvelles mesures prises par la Direction de la santé et de la population (DSP). Une cinquantaine de médecins de plusieurs spécialités ont manifesté leur colère devant le siège de la wilaya de Bouira pour exiger l'annulation des réquisitions et autres "pressions exercées" par les autorités de la wilaya. Les blouses blanches ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Non à l'abus d'autorité du DSP" ou "Non à l'arbitraire". Les protestataires ont tenu à dénoncer la décision prise par la tutelle qui leur a imposé des tours de garde au niveau des hôpitaux du secteur public. Au mois de septembre, la DSP avait envoyé des réquisitions aux médecins spécialistes du secteur privé (gynécologues, pédiatres et chirurgiens...) afin d'assurer des gardes au niveau des différentes structures de santé implantées à travers la wilaya. Chose refusée par certains médecins arguant le fait qu'aucune loi n'existe, obligeant ainsi ces derniers à assurer des consultations au niveau des hôpitaux publics. Et en guise de représailles, et selon les dires des médecins protestataires, les pouvoirs publics ont procédé à la fermeture pure et simple de quelques cabinets avec interdiction d'exercice. Ces médecins qualifient cette décision de fermeture d'arbitraire. Pour ce qui est de la réquisition, celle-ci, précise un chirurgien, "ne peut se faire que lors de catastrophes naturelles. Et nous n'avons jamais refusé d'assister des malades au niveau des établissements publics quand ils nous ont sollicités". Et à un autre d'ajouter : "Ce que nous refusons, c'est la manière avec laquelle la DSP a procédé." Selon eux, une réunion a regroupé, le 28 août dernier, des médecins spécialistes du secteur privé et la direction de la DSP, où les problèmes liés au secteur public ont été passés en revue. "Il nous a demandé un partenariat où chaque médecin spécialiste privé est tenu d'assurer des gardes au niveau des établissements de santé publique, et cela, sans convention", dira un médecin spécialiste ayant pris part à la réunion. Les protestataires s'interrogent sur ce que 13 chirurgiens privés peuvent apporter aux 31 chirurgiens en exercice dans le secteur public. "Au niveau de l'hôpital de Bouira, on trouve 11 médecins spécialistes et à Aïn Bessem un seul. Pour ce qui est des gardes, ceux du public n'assurent que trois gardes par mois, alors que la loi en prévoit six", explique un ancien du secteur public, en expliquant que "nous ne sommes pas contre ce partenariat, mais cela doit se faire dans un cadre juridique qui nous couvre". Et pour justifier ce refus, les blouses blanches ont expliqué qu'il y a quelques années, la Direction de la santé a remercié des médecins conventionnés avec des hôpitaux sans préavis, ni encore d'explications. Les manifestants exigent "une collaboration" et non "un tutorat". Interrogé sur cette affaire, le DSP de Bouira, M. Chabane, avec qui nous nous sommes entretenus, a déclaré que la loi 85-05 régissant le secteur de la santé oblige tout médecin du secteur public ou privé à assurer un tour de garde. Pour la réquisition, notre interlocuteur précise que cette procédure n'est pas nouvelle. "Nous sommes prêts à établir des conventions avec les spécialistes privés." Et la décision prise de faire appel à ces médecins spécialistes est motivée par le fait qu'un déficit dans la santé publique est constaté. A. D