En 2013, les transferts sociaux ont coûté 30% du PIB, soit environ 60 milliards de dollars. Durant plusieurs années, les gouvernements successifs ont dépensé sans compter. Les différents gouvernements de Bouteflika l'ont fait pour une paix sociale fragile. Le prix de l'or noir le permettait, maintenant que ses prix dégringolent, faut-il revoir le mode des subventions directes et implicites, tel que plaidé par plusieurs experts ? L'Algérie est parmi les rares pays ou le pain, l'énergie et plusieurs autres produits alimentaires sont subventionnés d'une manière directe ou implicite. Dans l'absolu, il est du devoir de l'Etat de garantir une vie digne à ses citoyens, mais est-il logique de faire profiter tout le monde d'un mode de subvention massif, qui, sous d'autres cieux, cible des couches sociales bien identifiées. Ces subventions massives sont en réalité une grande injustice, puisqu'elles permettent aux plus riches d'accéder à des produits ou services dans les mêmes conditions que les plus pauvres. Elles ne prennent pas en compte les ressources de tout un chacun. En Europe, par exemple, les gouvernements ont mis sur pied des dispositifs de protection sociale performants afin de faire profiter uniquement ceux qui sont dans le besoin. Dans un rapport de Bretton Woods, cette institution a clairement tiré la sonnette d'alarme sur l'inefficience de cette politique, estimant que "l'Algérie ne pourra pas continuer à supporter indéfiniment ce fardeau de plus en plus lourd à porter". Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, lors d'un récent passage au Forum de Liberté, avant la brutale chute des prix du pétrole, a, pour sa part, plaidé pour "sortir des subventions", mais d"'une manière ordonnée avec un calendrier mis en place". Il a proposé une réorientation des subventions afin que celles-ci profitent aux classes défavorisées. Il a défendu, par ailleurs, "une démarche progressive, sélective et territoriale" à ce propos. Il a estimé que "50% de la population tirent profit des 80% des subventions implicites". Pour ce faire, il propose aussi "une politique éclairée qui pourrait consister à rassurer d'abord la population en lui disant que les subventions versées aujourd'hui ne diminueront pas dans un premier temps mais qu'à l'avenir cette évolution sera inévitable". Il a fait savoir qu'une autre démarche pour repenser la politique sociale du pays est nécessaire car, avait-il dit, continuer les subventions menacerait la stabilité du pays, avec le risque d'une grogne sociale induite par la suppression des aides de l'Etat. Il a appelé à la mise sur pied d'une nouvelle forme de subventions des prix "ciblant la personne démunie et non pas le produit lui-même". D'autres experts ont plaidé pour "la limitation, par la régulation de l'impact des fluctuations des marchés internationaux sur le panier de la ménagère", avec un taux de subvention raisonnable qui est nécessaire. Les quelques chiffres donnés sur les transferts sociaux et les subventions définissent clairement que les équilibres financiers de l'Etat sont menacés maintenant que le prix du baril chute. Toutes les recommandations faites par les experts préconisent une rationalisation de l'intervention sociale du gouvernement, avec des subventions ciblées, afin de mieux contrôler les dépenses et les importations, et faire aussi profiter les Algériens qui en ont besoin. M. M.