Inquiétant ! C'est le moins que l'on puisse dire à propos de l'état de déliquescence dans lequel a sombré depuis belle lurette la salle de cinéma le Marivaux, qui menace ruine. Située au n°5, de l'étroit passage des Frères-Merakza (ex-Coque), une ruelle perpendiculaire à la rue Larbi-Ben-M'hidi, l'ossature de l'actuel El-Widad se détériore un peu plus chaque jour et laisse l'amère impression que le cinoche de quartier vacille. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir ses murs entièrement décrépits, voire lépreux, et revêtus de graffitis qui plaident que ce n'est pas demain la veille qu'il y aura l'inauguration d'un chantier pour la mise en valeur du Marivaux. S'il en est une autre preuve, elle est esquissée dans l'extinction à tout jamais (?) de son enseigne, qui illuminait autrefois l'enfilade de tabakhine (restaurateurs) de la rue Ahmed-Chaïb (ex-Tanger), dont l'échoppe du regretté Roi de la loubia. Selon les riverains, le Marivaux sert en ce moment de garage de stationnement de véhicules de particuliers ! En témoigne l'antipathique portail métallique à double battant. C'est réel ! Dommage ! Sommes-nous tentés de dire pour une salle de cinéma où furent projetés tant d'œuvres cinématographiques, dont Le Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina (1966) avec l'inégalable interprétation "muette" de la défunte Keltoum. Mais sauvons donc le Marivaux, en souvenir d'un pan de l'histoire de l'Alger d'antan, où l'on vivait dans la joie et la bonne humeur. L. N.