Résumé : Meriem est prise en charge à la polyclinique du village. Hakim propose qu'on la ramène à la maison. Houria devrait l'accompagner pour signer des papiers. Cette dernière est réticente. Elle refuse aussi de monter dans la carriole conduite par le jeune garçon et propose de faire appel au véhicule du facteur. Taos lui prend brutalement le bras et se met à la secouer : -Bravo pour tes bonnes idées Houria ! C'est toi qui ne voulait pas que cette affaire s'ébruite, et maintenant tu reviens sur tes dires. Le facteur saura tout au premier coup d'œil et ira en faire des gorges chaudes dans les cafés. Amar sera au courant de toute cette affaire en un clin d'œil et rentrera pour t'en faire payer le prix. Houria pâlit. -Oui. C'est vrai. Comme je suis bête. -Heureusement que tu le reconnais, réplique Taos d'une voix rauque. -Les voisines peuvent aussi vendre la mèche. Tu ne trouves pas ? Taos hausse les épaules : -Les racontars de femmes ne sont pas toujours argent comptant. Tu sais bien que les "on dit" ont toujours été leur lot. Nous pourrions toujours leur dire que Hakim avait trop dramatisé les choses, ou qu'il n'avait pas bien assimilé les dires du médecin, que ce que nous avons pris pour une agression n'était en fait qu'un accident. La petite était tombée dans la neige et s'était fait mal. Quant à son honneur, il est sain et sauf. Tu ne peux pas imaginer une telle hypothèse Houria ? Pourtant si on parle de langues pendues, la tienne est la pire de toutes. Houria allait répliquer, mais Hakim ne lui en laissera pas l'occasion. -Allez, cela suffit. Vous êtes en train de bavarder toutes les deux comme des pies, alors qu'il fait un froid de canard, et Meriem pourrait reprendre connaissance et se sentir seule et abandonnée. Allez, montez dans la carriole, je vais tenter de maîtriser le cheval. Hakim prend le sentier le plus court et le moins dangereux. Le cheval glissait à chaque pas, mais il sut l'orienter, et ils purent enfin arriver à la polyclinique sans trop de mal. Un médecin se tenait au chevet de Meriem et lui parlait en lui tenant la main. Une écharpe maintenait en place son bras et son épaule, et des pansements couvraient son visage et ses membres inférieurs. Son genou droit la faisait souffrir atrocement. -Tu peux te lever maintenant, lui dit le médecin en écartant les couvertures. À la première tentative, elle poussera un cri de douleur. Ses muscles lui faisaient atrocement mal. Taos qui venait de pénétrer dans la pièce accourt vers elle : -Ma fille ! -Tante Taos ! Le médecin arrête son élan : -Laissez-la se lever. Elle pourra le faire. Hormis son épaule démise, les radios n'indiquent aucune lésion profonde ou fracture. Houria arrive sur les faits : -Ah ! Te voilà enfin ! À entendre parler Hakim, on aurait juré que tu agonisais. Taos lui donne un coup dans les côtes avec son coude : -Ne vois-tu pas qu'elle souffre le martyre ? -Je le vois bien. Mais... -Pas un mot de plus Houria ! La petite est assez traumatisée ainsi, ne rajoute pas ton fiel. Avec l'aide du médecin, Meriem réussira enfin à mettre à terre un pied puis un autre. -Aie. Mon genou me fait très mal docteur. -Je le sais. J'ai mis un bandage spécial pour remettre les ligaments en place. Il y a sûrement des nerfs qui sont touchés, c'est ce qui explique l'œdème de ta jambe. Je t'ai prescrit un traitement. Si cela ne donne rien dans deux jours, tu devras te rendre en ville pour des examens plus approfondis. -Docteur, demande Taos d'une petite voix, êtes-vous sûr que notre petite n'est pas trop mal en point ? (À suivre) Y. H.