C'est loin d'être un week-end de tout repos pour le collectif du quotidien El Watan qui, à la surprise générale, s'est vu empêché de rejoindre son nouveau siège sis au quartier Oasis à Hussein-Dey. Dans la nuit du jeudi à vendredi, un important dispositif policier a été déployé autour du siège pour interrompre le déménagement qui avait pourtant commencé la veille, c'est-à-dire mercredi. Les policiers ont invoqué "des instructions reçues" sans autre explication. L'opération découlerait d'une réquisition des autorités, puisque le wali délégué d'Hussein-Dey ainsi que le P/APC, qui ont également effectué le déplacement sur les lieux, ont signifié officiellement l'arrêt du déménagement, prétextant des litiges qui seraient restés en suspens. Ils reprochent aux propriétaires du siège en question de ne pas disposer de certificat de conformité, après avoir rajouté deux étages qui ne figuraient pas dans les plans de construction initiaux et d'avoir également procédé à une extension sur une parcelle de terrain qui ne leur appartenait pas. Les responsables d'El Watan ont, pour leur part, expliqué que "tous les documents nécessaires ont été présentés aux parties compétentes au niveau de différentes institutions sans jamais recevoir aucune réponse". Ils restent, néanmoins, convaincus qu'"un terrain d'entente pourrait être trouvé pour ne léser aucune partie", puisqu'ils étaient encore hier en contact avec les autorités locales pour trouver une solution qui devrait intervenir d'ici demain. Cependant, hier, ils ont éprouvé des difficultés à récupérer le matériel transféré auparavant dans le nouveau siège. Ce n'est qu'en début d'après-midi que l'autorisation de procéder à la récupération a été enfin délivrée. Le collectif d'El Watan craint que ce qui vient de se produire ne soit un prélude à une campagne de harcèlement à l'encontre du journal. En attendant, un petit tour au siège du journal El Watan, à la maison de la presse Tahar-Djaout, nous a permis de constater que le collectif s'affairait, hier, à se réinstaller, le moral un tantinet affecté mais mobilisé pour confectionner le journal du lendemain. "Le journal se fait normalement et nous allons paraître. Ce n'est qu'une épreuve de plus. Ce n'est pas cela qui va nous ébranler", nous confie un confrère d'El Watan qui fait remarquer que "ce qui arrive au journal obéit à la logique d'intimidation qui est devenue légion depuis un certain temps pour s'affirmer davantage en ce Ramadhan durant lequel la presse vit de durs moments". En effet, après avoir ciblé le journal El Khabar et la chaîne de TV KBC, c'est au tour du quotidien El Watan de subir la pression d'un pouvoir qui ne semble reculer devant rien, visant une réelle mise au pas des médias et qui ne s'en cache pas pour le signifier ouvertement. Nabila Saïdoun