Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), en collaboration avec des associations professionnelles et patronales, des acteurs locaux et des chefs d'entreprise, a mené depuis un peu plus de deux ans, avec le soutien du Centre international pour l'entreprise privée (Cipe), un programme destiné à donner la parole aux chefs d'entreprise d'une dizaine de régions, originaires d'une vingtaine de wilayas. Le document final, intitulé "le programme de réformes économiques pour l'entreprise", a été présenté, hier à l'hôtel El-Djazaïr, en présence, notamment, du représentant de la présidence de la République. La particularité de la démarche réside non pas dans la nouveauté des propositions — qui pour la majorité ont été déjà émises — mais dans sa consultation large des acteurs économiques, au-delà de leurs représentations. La première ambition du "manifeste" est de promouvoir une nouvelle culture de partenariat Etat-entreprise. "Les deux éléments importants sont la confiance et l'inclusion", a souligné un chef d'entreprise. Une coalition de plusieurs partenaires, une trentaine d'associations et d'organisations, s'est engagée à porter le projet. Le forum des chefs d'entreprise n'a pas encore signé le document. Les problématiques majeures qui ont été posées, aussi bien par les chefs d'entreprise rencontrés que par les organisations patronales et les associations professionnelles consultées, ont été scindées en cinq axes : gouvernance et actions de l'Etat, performances et compétitivité des entreprises, financement, fiscalité et capital humain. Pour chaque axe, des propositions de mesures ont été avancées ainsi que les voies et les décisions visant leur réalisation. Le document a identifié 13 objectifs et 38 mesures. Concernant la compétitivité des entreprises (13 mesures), le rapport propose, notamment, la modernisation du régime de change, la révision du dispositif de gestion et d'octroi du foncier industriel et l'accélération de décentralisation de l'administration. Pour la fiscalité (4 mesures), le rapport souligne la nécessité d'alléger la pression fiscale sur les entreprises et d'élargir la pression fiscale, en mettant l'accent sur l'inclusion du secteur informel. En matière de ressources humaines (4 mesures), le document propose d'impliquer le système éducatif dans la préparation de la ressource humaine qualifiée. "10% seulement des effectifs universitaires sont inscrits dans les filières techniques ou technologiques", relève-t-on. L'innovation de la démarche réside surtout dans la mise en place d'un Observatoire du climat des affaires (OCA), un véritable outil d'aide à la décision et au suivi des réformes et actions menées par les pouvoirs publics et la communauté des affaires. L'OCA proposera un index du climat des affaires algériennes qui permettra de situer le niveau de mise en œuvre des réformes. La prochaine étape est d'expliquer la démarche et ce socle commun de réformes économiques aux pouvoirs publics. Dans ce cadre, le collectif compte rencontrer le Premier ministre. Des rencontres avec les commissions économiques de l'APN et du Conseil de la nation et les ministères concernés sont également prévues. "Nous amorçons un long virage avec cette plateforme collaborative et de concertation entre les pouvoirs publics et le monde de l'entreprise", a estimé Slim Othmani, le président du Centre d'action de réflexion autour de l'entreprise. Meziane Rabhi