Attendue comme une panacée, un remède miracle, qui devra trouver des solutions à la crise libyenne, la conférence de Palerme, ouverte hier dans la capitale sicilienne, a déjà mal commencé, avec l'absence d'acteurs libyens clés. Avant même la conférence internationale de Palerme, ouverte hier, les défections ont commencé. C'est le cas du maréchal Haftar, le commandant de l'armée nationale libyenne. Même si le chef militaire de 72 ans n'a pas confirmé son boycott de la conférence - au moment où nous mettions sous presse, aucun communiqué n'était venu conforter cette thèse - les médias proches de son armée, relayés par des journaux italiens, ont indiqué que le tout puissant chef militaire, qui domine au moins une grande partie du nord-est de la Libye, n'assistera pas à la rencontre. Le maréchal Haftar a justifié cette attitude par la présence, autour de la table des discussions, de groupes "terroristes" proches de Daech. Une attitude qu'il a déjà adoptée lors de précédentes rencontres. Avant Haftar, un député de l'Assemblée nationale de transition a quitté la salle de conférences. Il a protesté contre l'allocution prononcée par une adjointe de l'envoyé spécial des Nations unies, Stéphanie Williams, qui a évoqué les questions économiques liées à la crise libyenne. Le parlementaire libyen a expliqué aux journalistes que sa décision est motivée par les ingérences des instances internationales dans la gestion économique de son pays. Cette défection du maréchal Haftar, à la tête de l'armée la plus structurée et la mieux équipée dans un pays gangrené par la présence de dizaines de milices armées, ne fait, en fait, que confirmer une évidence : malgré les efforts de la communauté internationale, le capharnaüm libyen n'est pas près de prendre fin. La preuve en est qu'au premier jour de la conférence de Palerme, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a déjà annoncé le report des élections générales qui devront se tenir, en principe, au début de l'année prochaine. À cause des affrontements armés entre les différentes factions qui se partagent le pays, les élections sont reportées au mois de juin. En attendant, l'émissaire onusien dit espérer l'amorce d'un vrai dialogue d'ici là. Malgré la difficulté de la tâche, des dirigeants des grands pays de la région ont accepté de répondre à l'invitation du président du Conseil italien, Giuseppe Conté. Le président égyptien, Abdelfattah Sissi, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, et le président tunisien Béji Gaïd-Essebsi vont assister à la rencontre. Mais, visiblement, ni le président français Emmanuel Macron, qui a pourtant initié une médiation, ni son homologue russe Vladimir Poutine ne seront présents à Palerme. Les deux pays vont être représentés par leurs chefs de la diplomatie, Jean-Yves le Drian pour Paris et Sergueï Lavrov pour Moscou. En plus de ces défections, la conférence de Palerme risque de ressembler aux précédentes tenues à Alger, à Salé (Maroc), au Caire, ou encore plus récemment à Paris. Les recommandations de cette rencontre vont se heurter à une réalité d'un terrain miné par des dizaines de milices pour qui les interventions étrangères ne sont pas forcément les bienvenues. Ali Boukhlef