Les Amazighs résidant en Suisse et dans les villes françaises proches du Grand Genève sont d'un nombre important. Mais leur désorganisation a rendu leur poids insignifiant sur la scène politique et culturelle de la région. Cette année, à la faveur de l'engouement suscité par les célébrations de Yennayer à travers le monde, un groupe d'artistes, à leur tête Amar Toumi, un musicien de la vallée du M'zab activant sur la scène artistique genevoise depuis des années, décide de célébrer le nouvel an amazigh et de s'organiser pour exister culturellement. En effet, le 20 janvier passé, des Amazighs de Suisse et des villes françaises proches du Grand Genève, voire de Paris, se sont rassemblés à Genève pour célébrer Yennayer. Au menu, plusieurs artistes se sont succédé sur scène pour égayer la salle. C'est l'infatigable Nadia Tudert qui a assuré l'animation et invité les artistes qui ont, chacun, imposé leur rythme. Du Matoub pour certains, du style festif pour Cécile Barache, du gnawa et du chaâbi pour Amar et son groupe Nomades. À la fin de la soirée, les artistes ont exprimé leur plaisir de chanter devant un public chaleureux et attentionné. Dans ce dernier, on retrouve des Suisses, des Français et des Amazighs chleuhs, kabyles, mozabites, chaouis et rifains. Toutes et tous ont manifesté une joie et une satisfaction. Ainsi Tassadit, résidant à Annemasse, venue avec sa fille, n'a pas caché sa joie de participer à cette fête. "Depuis que j'ai quitté Paris, je n'ai pas assisté à une telle rencontre. Je souhaite que ce genre de manifestations puisse se multiplier, car ce sont des repères pour nos enfants", nous affirme-t-elle. Abdenour, percussionniste de Lausanne, nous déclare avec enthousiasme qu'il participe à toutes les fêtes amazighes de la région. De son côté, Kahina, une Chaouie de Genève, félicite les organisateurs et affirme qu'elle répond présent à tous les appels amazighs. Et elle ne pouvait rater Yennayer. Enfin, la Rifaine Nadia a surtout apprécié le regroupement des Amazighs de plusieurs pays autour de cette fête importante. À la fin de la soirée, un groupe de personnes activant dans le milieu culturel, à sa tête Yasmine Mecibah, a décidé de se rencontrer pour lancer une "Association culturelle amazighe du Grand Genève" afin de mettre en place un programme à l'année. "Le but n'est pas uniquement d'organiser des fêtes, mais de faire connaître notre riche et dense identité qui reste méconnue en Europe", avoue Yasmine qui voit déjà le lac Léman se draper de fierté amazighe comme la nature se couvre de végétation luxuriante printanière qu'appelle Yennayer de tous ses vœux ! T. H.