L'aggravation de la crise politique intervient en pleine débâcle économique dans ce pays pétrolier, soumis à une hyperinflation qui devrait selon le Fonds monétaire international atteindre 10 000 000% en 2019. Madrid, Paris et Berlin ont lancé hier de manière coordonnée un ultimatum à Nicolas Maduro et annoncé qu'ils reconnaîtraient l'opposant Juan Guaido comme "président" du Venezuela si des élections n'étaient pas convoquées sous 8 jours. Le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez a affirmé que "si des élections justes, libres et transparentes n'étaient pas convoquées dans un délai de 8 jours, l'Espagne reconnaîtrait Juan Guaido comme président du Venezuela afin que ce dernier convoque ces élections". Paris et Berlin ont lancé quelques minutes plus tard un message similaire. "Sans élections annoncées d'ici 8 jours, nous serons prêts à reconnaître Guaido comme +Président en charge+ du Venezuela pour enclencher un processus politique. Nous y travaillons entre partenaires européens", a lancé sur Twitter le président français, Emmanuel Macron, tandis que Berlin s'est exprimé via un tweet de Martina Fietz, porte-parole du gouvernement allemand. Ces annonces coordonnées, immédiatement saluées sur Twitter par Juan Guaido, interviennent alors que les Etats membres de l'UE ne sont pas parvenus, vendredi, en raison de leurs divisions, à s'entendre sur une "déclaration commune" dans ce sens, selon des sources diplomatiques. Madrid et d'autres Etats ont jugé le texte proposé trop faible tandis qu'Athènes soutient le régime de Nicolas Maduro. Cet ultimatum en provenance de trois poids lourds européens intervient alors que devait se tenir à New York une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. "Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo y participera et appellera l'ensemble de la communauté internationale à reconnaître Juan Guaido", a annoncé le département d'Etat. Le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Maduro, Jorge Arreaza, est lui aussi attendu à New York pour faire connaître la vérité sur le Venezuela, selon M. Maduro. Les Etats-Unis sont le seul des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à avoir formellement reconnu Juan Guaido comme président. La France est désormais prête à le faire si un scrutin n'est pas convoqué sous 8 jours tandis que le Royaume-Uni a exprimé un soutien clair à M. Guaido sans le reconnaître formellement. La Russie a en revanche clairement apporté son soutien à M. Maduro. La Chine a dénoncé des ingérences extérieures. Alors qu'une intense activité diplomatique se déploie autour de cette crise dans le géant pétrolier d'Amérique latine, un bras de fer est engagé à Caracas entre Juan Guaido, 35 ans, président du Parlement qui s'est proclamé président par intérim, et Nicolas Maduro, investi le 10 janvier pour un second mandat considéré comme illégitime par les Etats-Unis, l'Union européenne et la plupart des pays d'Amérique latine. M. Maduro a fait une ouverture en proposant à son rival de le rencontrer. Mais son offre a été rejetée vendredi par M. Guaido, qui parlait devant plusieurs centaines de partisans sur une place de Chacao, dans l'est de Caracas. R. I./Agences