Matoub Lounès était de "retour" cette semaine à Béjaïa. Un gala-hommage lui a été dédié dans la soirée de lundi, au stade scolaire de la ville des Hammadites, à l'occasion du 21e anniversaire de son lâche assassinat, le 25 juin 1998. Un public très nombreux, venu des quatre coins de la Kabylie, a été enchanté par cette soirée artistique organisée par l'association Matoub-Lounès, Mémoires et transmission (créée par l'épouse du Rebelle, Nadia) en collaboration avec l'APC et l'APW de Béjaïa. Au menu de ce concert, une pléiade de chanteurs dont Ali Ideflawen, Oulahlou, Malika Doumrane, Karim Mersel, Ali Amrane et Zedek Mouloud. Jusqu'à 2h du matin, le stade scolaire a vibré sous les chants d'expression kabyle des voix chevrotines, notamment d'Oulahlou, de Zedek et d'Ideflawen, sous les youyous stridents des femmes présentes en force parmi l'assistance. C'était un vibrant hommage à la hauteur du sacrifice de Matoub Lounès. Le gala a été rehaussé par la présence de l'épouse du défunt rebelle, Nadia, et du président de la JSK, Cherif Mellal, ainsi que Mouloud Iboud. Certains artistes n'ont pas manqué de chanter des titres de Matoub, à l'exemple d'Oulahlou, avant de quitter la scène. C'est l'originalité de cet évènement, peut-on dire. Le gala s'est déroulé dans une ambiance bon enfant et familiale. Le public a été largement égayé par les artistes et dans un cadre organisationnel impeccable, placé sous le générique "la liberté en héritage". C'était un évènement mémorable, d'ailleurs, au coup d'envoi de la manifestation, Nadia Matoub n'a pas manqué de remercier vivement tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce gala. "Matoub Lounès aimait beaucoup la région de Béjaïa. D'ailleurs, il allait acheter une villa à Bir Slam pour y habiter définitivement", nous a révélé le chanteur Boudjemâa Agraw, un proche ami du Rebelle. Hélas, le regretté Matoub n'a pas réalisé son vœu. Des mains lâches l'ont ravi aux siens un certain 25 juin 1998, sur la route de Tala Bouanane, de retour chez lui, à Taourirt Moussa. Né en 1956, Matoub Lounès était un artiste très engagé qui incarnait la résistance et l'espoir. C'était un poète et musicien altruiste. À travers cette commémoration du 21e anniversaire de son assassinat par la poésie et la musique, les organisateurs veulent exprimer leur fidélité au combat qu'a mené le poète. Un combat contre l'intolérance et la violence armée qui ont ravi des vies humaines. Vingt et un ans après sa disparition tragique, sa voix continue à bercer des millions d'Algériens, et son combat pour la liberté n'a pas cessé d'inspirer les militants politiques. Très engagé pour la cause amazighe, Matoub fut kidnappé en 1994 par le groupe islamiste armé (GIA), avant d'être relâché sous la pression de la population. Son assassinat, le 25 juin 1998, a soulevé une vague d'émeutes en Kabylie qui avait coûté la vie à trois jeunes manifestants. Certes, Matoub nous a été ravi, mais son message de liberté et de résistance restera gravé dans la mémoire collective, et sa voix continuera à résonner à vie. L. OUBIRA
