Les tensions entre l'Iran et les Etats-Unis sont à leur paroxysme, quatre jours après l'assassinat par l'armée américaine de l'influent général iranien, Qassem Soleimani, et Abou Mehdi al-Mouhandis, l'homme de l'Iran en Irak. Le Parlement irakien a demandé officiellement au gouvernement de "mettre fin à la présence des troupes étrangères" (Une coalition menée par les Etats-Unis, ndlr), en Irak en commençant par "retirer sa demande d'aide" adressée à la communauté internationale pour combattre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). Lors d'une séance extraordinaire retransmise exceptionnellement en direct à la télévision d'Etat et en présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi, les députés ont approuvé une décision qui "contraint le gouvernement à préserver la souveraineté du pays en retirant sa demande d'aide", a indiqué le chef du Parlement, Mohammed al-Halboussi. Le sentiment anti-américain s'est ravivé en Irak et dans toute la région du Moyen-Orient, au lendemain des raids américains ciblant les factions du Hachd Achaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran qui a combattu Daech en Irak et désormais intégrés à l'Etat irakien. Des milliers de manifestants anti-pouvoir ont défilé pour dénoncer "les deux occupants : l'Iran et les Etats-Unis", alors que l'escalade entre les deux parrains de Bagdad menace de dégénérer en conflit sur leur sol et d'éclipser un peu plus leur révolte. Quelques heures avant le vote du Parlement, le ministère irakien des Affaires étrangères a annoncé, de son côté, avoir convoqué l'ambassadeur américain pour dénoncer des "violations de la souveraineté de l'Irak". Il a été dit à l'ambassadeur américain, Matthew Tueller, que "ces opérations militaires illégitimes menées par les Etats-Unis sont des attaques et des actes condamnables qui peuvent mener à une escalade des tensions dans la région et qu'elles constituent une violation de la souveraineté du pays", selon un communiqué du ministère. Sur un autre plan, l'Iran qui a promis des représailles pour venger l'assassinat de Qassam Souleimani, fait monter la tension d'un cran. Dans une interview accordée à la télévision américaine, un haut conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a assuré que "la réponse sera assurément militaire et contre des sites militaires", a dit le général de brigade Hossein Dehghan. "C'est l'Amérique qui a commencé la guerre", a-t-il ajouté. "En conséquence, ils doivent accepter que les réactions soient adaptées à leurs actes", a-t-il poursuivi, en affirmant que "la seule chose qui puisse mettre un terme à ce moment guerrier est que les Américains reçoivent un coup égal à celui qu'ils ont porté". Les autorités iraniennes excluent jusqu'ici une action frontale contre les Etats-Unis et préfèrent se limiter à réagir par une action ciblée pour venger l'assassinat du général Soleimani. "L'Iran ne cherche pas la guerre mais est prêt à faire face à toute situation", a déclaré à ce propos le porte-parole des Affaires étrangères iranien Abbas Moussavi lors d'une conférence de presse, hier, à Téhéran. Les Etats-Unis, par la voix du secrétaire d'Etat Mike Pompeo, ont admis hier que les forces américaines stationnées au Proche-Orient pourraient subir les représailles de l'Iran. "Nous estimons qu'il y a de fortes probabilités que l'Iran commette une erreur et décide de s'en prendre à certaines de nos forces, de nos militaires en Irak ou soldats dans le nord-est de la Syrie", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, sur Fox News. Pour lui : "L'Iran commettrait une grave erreur s'il s'en prenait à eux, mais nous nous y préparons."