Paru aux éditions Barzakh, cet ouvrage "retrace l'itinéraire poétique de Mahmoud Darwich depuis le début des années 1990". Ce sont des extraits choisis de sept recueils qui ont fait, comme tant d'autres, la gloire et la renommée internationale du poète. Cette anthologie bilingue (arabe-français) parue récemment aux éditions Barzakh, après sa parution en 2009 chez Actes Sud, est un beau florilège qui "retrace l'itinéraire poétique de Mahmoud Darwich depuis le début des années 1990". Ce sont des extraits choisis de 7 recueils qui ont fait, comme tant d'autres, la gloire et la renommée internationale du poète : Onze astres ; Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? Le lit de l'étrangère ; Murale ; Etat de siège ; Ne t'excuse pas et Comme des fleurs d'amandier ou encore. Un choix de poèmes qui "appartiennent aux deux périodes les plus fécondes de Darwich, celles où il s'est presque totalement libéré de la pression politique qui pesait sur lui en tant que poète national, ou plutôt celles où son public, lui gardant toujours sa confiance, a fini par se convaincre qu'il est légitime pour un ‘poète national' d'être d'abord poète", dira Farouk Mardam-Bey dans son avant-propos. Car ce grand poète palestinien, né à Al-Birwah en 1942 (disparu aux USA en 2008) est le chantre de l'amour, de l'exil, de la douleur, de la beauté… Il a chanté la femme aimée comme il a pleuré la Palestine confisquée : "Jasmin sur les nuits de juillet. Chanson/Pour deux étrangers qui se rencontrent sur une rue qui ne mène nulle part/Qui suis-je après ces deux yeux en amande ? Dit l'étranger/ Qui suis-je après ton exil en moi ? Dit l'étrangère…" Il a déploré cette terre brûlée comme il a sublimé cette mère éplorée. Mahmoud Darwich dira : "Dans le grand départ je t'aime plus encore. Sous peu/Tu fermeras la ville. Je n'ai pas de cœur dans tes mains, et pas/De chemin qui me porte. Dans le grand départ je t'aime plus encore…", ou encore lira-t-on dans Etat de siège : "Vous, qui vous tenez sur les seuils, entrez/Et prenez avec nous le café arabe/Vous pourriez vous sentir des humains, comme nous/Vous qui tenez sur les seuils/Sortez de nos matins/Et nous serons rassurés d'être comme vous/Des humains !" ; puis, plus loin et encore plus éloquent, Darwich dira (à un assassin) : "Si tu avais contemplé le visage de la victime/Réfléchi, tu te serais souvenu de ta mère dans la chambre à gaz/Tu te serais délivré de la sagesse du fusil/Et tu aurais changé d'avis : Ce n'est pas ainsi que l'on recouvre son identité !" Plus de 10 ans qu'il est parti, et Mahmoud Darwich est encore là. Après une vie profondément lyrique et complètement engagée, ce grand poète palestinien revit à travers cette anthologie et tous les autres écrits qu'il a laissés pour la postérité. Certes, de son vivant, il n'a pas voulu être que ce poète "nationaliste", mais on retiendra tout de même de lui ce cri du cœur : "Ô chanteur de Palestine dans toutes les atmosphères : celle de la révolution, de la défaite, du vagabondage, de la résistance, et du retour, ton pays t'attend. Le rossignol qui te le dit a toujours raison. Il est la voix de l'Histoire au moment de la vérité. Et la vérité que nous cherchions dans les dossiers du droit international crie de toute pierre palestinienne. Vu notre fort amour, nous sommes devenus capables de comprendre le langage de la pierre. Et notre sang qui remplit le visage du monde se métamorphosera en miroirs pour les consciences." (Re)lire Mahmoud Darwich, c'est (re)découvrir la beauté du vers et l'élégance de la pensée.