Les étudiants ont fait montre d'un haut degré de conscience politique et de maîtrise des enjeux de l'heure, en rappelant à travers leurs slogans, leur attachement aux revendications non encore satisfaites. Les étudiants, soutenus par des citoyens de tous âges, ont battu le pavé hier, pour le 50e mardi consécutif pour réitérer le changement du système, la libération des détenus d'opinion — notamment les étudiants — la liberté des médias et de la justice. Les marcheurs dont le nombre était visiblement plus important que celui de la semaine dernière, ont emprunté le parcours habituel, compris entre la place des Martyrs et la Grande-Poste, en passant par le square Port-Saïd, l'avenue Pasteur et la place Audin, en scandant les slogans habituels, tels que "nous avons dit que la bande doit partir. Soit c'est nous, soit c'est vous. Donc, c'est vous". Une formidable mobilisation s'est déployée dans les principales artères de la capitale, comme pour démentir les prédictions de ceux qui ont tablé sur l'essoufflement de la révolution et rappeler que le salut du pays viendra de ce hirak. "La chance de l'Algérie restera intacte, tant que la rue est vivante et ouverte", indiquait, dans ce sens, une pancarte brandie par des étudiants qui ont renouvelé le serment à la mémoire des chouhada de ne point s'arrêter jusqu'à l'affranchissement de la tutelle du régime, en criant : "Ô Ali, tes enfants n'arrêteront pas la lutte pacifique". La foule des étudiants a aussi fait montre d'un haut degré de conscience politique et de maîtrise des enjeux de l'heure, en rappelant par les slogans scandés ou écrits leur attachement aux revendications non encore satisfaites. À commencer par la mise en œuvre du principe de la primauté du civil sur le militaire comme fondements de l'Etat. "Dawla madania machi âaskaria", ont-ils scandé. Ils ont encore exprimé leur rejet du pouvoir en place en s'en prenant au locataire d'El-Mouradia : "Tebboune n'a pas de légitimité". Les étudiants guidés par leur égérie, le jeune Abdou, ont repris des chants et des slogans, tels que "Talaba waoune, li nidham rafidoune" (Les étudiants sont conscients et rejettent ce système) dont ils ont demandé le départ. Et, avant de formuler leurs exigences, pour la libération des détenus d'opinion, notamment les étudiants qui sont encore dans les geôles, et tout spécialement la jeune étudiante, Nour El-Houda Oggadi dont le portrait était omniprésent entre les mains des manifestants, aux cotés de ceux des chouhada. Et de réclamer encore la liberté des médias et de la justice. "Les médias sont fermés et les verdicts de la justice sont dictés d'en haut. La voix des hommes libres est étouffée : où sont les promesses ?", pouvait-on lire sur l'une de pancartes brandies par les manifestants. Sur une autre il était écrit : "Le secret du bonheur c'est la liberté, et le secret de la liberté c'est le courage", alors qu'une troisième, portée par une dame, délivrait le message suivant : "Vous êtes méprisables, corrompus et incompétents ! Et vous voulez qu'on vous laisse diriger notre pays ? Yaw jamais. La révolution continue." Tout au long de la marche, les étudiants ont signifié leur rejet au dialogue politique à travers une pancarte qui disait : "Ni dialogue ni négociation ! Libération des détenus et des médias d'abord", en insistant sur le changement et en décrétant qu'il n'y avait pas d'alternative au départ du système. Les étudiants ont réclamé la satisfaction d'autres revendications telles que "la séparation des pouvoirs, une période de transition, un Etat de droits, une deuxième République..."