Plusieurs dossiers remontant à son passage en tant que chef de l'exécutif de la wilaya de Constantine entre 2005 et 2010 ont été passés au crible par les enquêteurs de la Brigade économique et financière. Poursuivi dans d'autres affaires, M. Boudiaf est déjà sous contrôle judiciaire. L'ex-wali de Ghardaïa, de Constantine et d'Oran, promu dès le mois de septembre 2013 au poste de ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière au sein du deuxième gouvernement d'Abdemalek Sellal, a été entendu, jeudi passé, par les enquêteurs de la Police judiciaire relevant de la sûreté de la wilaya de Constantine. Plusieurs dossiers remontant à son passage en tant que chef de l'exécutif de la wilaya de Constantine entre 2005 et 2010 seront donc épluchés par les enquêteurs de la BEF de Constantine à la suite d'une nouvelle commission rogatoire du conseiller à l'instruction près la Cour suprême déléguant l'enquête à la Police judiciaire de compétence territoriale. Un interrogatoire qui intervient quelques jours seulement après l'audition, par le même service de sécurité, de son successeur à la tête de la wilaya de Constantine, l'ex-Premier ministre Noureddine Bedoui. Autant dire qu'une corrélation entre les deux auditions n'est pas exclue de par l'héritage nébuleux laissé par Abdelmalek Boudiaf à son remplaçant, après cinq années de gestion pagailleuse, marquée par le lancement de mégaprojets dans la capitale de l'est du pays à la faveur de l'embellie financière qui prévalait à cette époque. Abdelmalek Boudiaf avait fait, en effet, du Projet programme de modernisation de la métropole de Constantine (PPMMC) son cheval de bataille lors de son passage dans cette wilaya (2005-2010), laquelle avait comptabilisé durant cette même période le plus grand nombre de visites officielles du président déchu Abdelaziz Bouteflika. L'une d'elles avait été d'ailleurs annulée à la dernière minute à la suite des rapports des services de sécurité et même du protocole de la Présidence invoquant un mécontentement grandissant de la population et des risques de manifestations de dénonciation de la gestion d'Abdelmalek Boudiaf. Des études aux coûts faramineux avaient été lancées dès son arrivée dans cette wilaya dans le cadre du PPMMC englobant, entre autres projets, la ville universitaire (actuellement université 3 Abdelhamid-Mehri), le téléphérique, la ligne de tramway, le pont géant (Transrhumel), la nouvelle aérogare en sus des extensions tous azimuts prévues à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, des études et opérations dites de réhabilitation de la vieille ville de Constantine et autre nouveau complexe sportif avec un stade de 80 000 places sur le site de l'ancienne "ferraille" et un CHU. Ces deux derniers n'ont, d'ailleurs, jamais été lancés. Autant de projets budgétivores, mais également de dossiers qui ne faisaient pas l'unanimité et laissaient planer de lourds soupçons sur leur promoteur qui avait acquis le surnom de "Monsieur 30%" en référence aux malversations qui auraient accompagné l'octroi des marchés d'études et/ou réalisations de la plupart des projets. Abdelmalek Boudiaf se fera remarquer notamment lors des opérations de relogements forcés des habitants des ex-quartiers du Bardo et de l'avenue de Roumanie. Sites qui devaient accueillir, selon ses projections, des tours somptueuses sur les berges du Rhumel. Ce qui avait suscité une vague de contestations et un ras-le-bol de la population devant "l'arrogance" d'un wali qui n'hésitera pas à mobiliser la force publique, adoptant des attitudes de "proconsul omnipotent". Plus tard, son nom sera de nouveau sur toutes les lèvres à Constantine lorsqu'il envisagera, en tant que ministre de la Santé, de consacrer la wilaya de Constantine comme pôle de l'industrie pharmaceutique, un créneau juteux qui a véhiculé beaucoup de présomptions à son égard sur la place publique. Son audition, jeudi dernier, par les enquêteurs de la Brigade économique et financière de la Police judiciaire de Constantine, qui ne serait pas la dernière selon des sources concordantes, concerne justement sa gestion de certains de ces dossiers dont, notamment, le projet de rénovation de l'aérogare de Constantine, qui avait fait l'objet de plusieurs rallonges budgétaires et qui n'a vu le jour qu'avec plusieurs années de retard. Au mois d'août dernier, Abdelmalek Boudiaf avait été condamné à trois années de prison ferme dans le cadre de l'affaire dite de l'ex-patron de la police Abdelghani Hamel. Placé sous contrôle judiciaire depuis le mois d'août 2019, son nom est également revenu dans plusieurs dossiers de corruption dont celui de l'ex-"patron des patrons" Ali Haddad.