Toucher du doigt la misère et la détresse des citoyens vivant dans les quartiers pauvres de la ville, tel est le but d'une série de visites organisées par le wali de Annaba, accompagné de l'exécutif et des élus qui, visiblement, ne sont guère habitués à ces actions de proximité. Ce sont les vieux quartiers de la cité Auzas, Choumarelles I, Djebanet Lihoud et la Tabacoop, qui étaient ciblés mardi dernier. Les habitants des taudis, rassemblés devant leurs portes, étaient pleins d'espoir. les youyous ont fusé de partout à la vue de cette importante délégation, qui s'engoufrait dans les ruelles et pénétrait dans les petites pièces au sol cimenté, aux murs lépreux et lézardés et qui sont régulièrement immergées sous plus d'un mètre d'eau à chaque forte chute de pluie, et où la pauvreté cohabite avec le désespoir. Certaines demandes datent de plus de 30 ans. Dans chaque quartier, les présidents des comités qui ont accueilli le wali ont parlé de ces nombreuses plaintes restées sans réponse. C'est le cas du quartier Choumarelles, situé à 10 mètres au-dessous du niveau de la mer, inondé chaque hiver à plusieurs reprises, où vivent 402 familles dont 116 demandeurs de logements attendent depuis 1977. Un des quartiers les plus pauvres et les plus “chauds” de Annaba. En effet, les agressions y sont quasi quotidiennes. Mieux, il suffit que l'été pointe le nez pour que de nombreuses personnes dorment dans la rue, alignées sur le trottoir, à la belle étoile, car l'unique pièce est trop exiguë. Partout, la misère, l'étouffement des pièces dont certaines ne sont que de véritables “trous”, comme cette petite chambre de 3 m sur 3, où vit un couple et une vielle mère, qui se traîne sur le sol, les jambes paralysées par les rhumatismes. Son fils nous accueille avec ces mots : “J'ai 30 ans passés et malgré l'exiguïté du logement, je me suis résigné à me marier pour que ma femme s'occupe de ma vielle mère.” La pièce est plus basse que le niveau du sol et son propriétaire a construit, devant la porte, un petit mur pour empêcher l'eau de pluie de pénétrer. Il nous montre à environ 1 m 20 du sol et on voit bien les traces laissées par la dernière montée des eaux sur le mur humide. Des instructions fermes ont été données par le wali pour la révision des dossiers de logements et le lancement d'un nouveau recensement en vue de leur inscription dans les programmes d'attribution de l'Opgi. Pour les habitants des Choumarelles, de Djebanet Lihoud, de la cité Auzas, de la Tabacoop et tous les autres quartiers pauvres de la ville, cette visite des autorités, “qui, pour la première fois, s'intéressent à eux”, est un grand signe d'espoir. une promesse pour un avenir meilleur, exprimée par la joie de l'accueil et les youyous, comme c'était le cas à Tabacoop. Une promesse qui, cette fois, doit être tenue et réalisée dans les délais les plus proches. Hafiza M.