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Le droit à la dissonance
Publié dans Liberté le 07 - 04 - 2003

Dans le concert de manifestations en faveur de l'Irak se dégage non seulement le désir habituel de justifier d'une majorité d'opinion mais également un climat de rejet envers toute voix dissonante. C'est pourtant dans ces moments qu'il faut veiller à ce que la dissonance se traduise dans sa liberté et dans les réserves qu'elle peut exprimer.
Considérer la dérive doctrinale et messianique des Etats-Unis comme l'apparition d'une menace pour l'équilibre du monde ne fait aucun doute dans l'esprit de ceux qui se reconnaîtront dans l'exposé de la présente opinion. Pour la plupart, ils n'ont d'ailleurs pas attendu l'invasion des troupes pour manifester leur colère et leur indignation.
C'est une chose entendue que la position des Etats-Unis est irrecevable dans le fond de sa justification comme dans la forme de son action. La solidarité à ce sujet est sans faille avec nos compatriotes qui manifestent dans les rues d'Algérie et à travers le monde. Le président G. W. Bush est responsable d'un dangereux précédent international et d'un crime insoutenable envers la population irakienne.
Mais pour autant, aucun démocrate ne peut sérieusement se solidariser avec les cris d'une foule qui amalgame des slogans et des idéologies inacceptables. Au moins doit-il délimiter en conscience les contours intangibles de son soutien au sursaut populaire toujours prompt à vouloir stigmatiser ne fût-ce qu'une interrogation, une réserve de quiconque.
Pour que nos voix se mêlent aux manifestants, ces derniers doivent assurer de la plus grande vigilance envers une minorité qui détourne le sens de la revendication en un soutien au régime de Saddam Hussein. Cela est inacceptable et ne peut emporter consensus. Saddam Hussein serait devenu pour nombre de manifestants, qui ne se privent pas de le hurler et d'en brandir la profession de foi, le “héros de la nation arabe”, l'icône de sa fierté retrouvée, le symbole d'une nation bafouée. Chacun comprendra qu'il ne s'agit même pas d'une limite à ne pas dépasser pour un démocrate mais d'un monde totalement exclu de ses imaginations les plus insensées.
Faisons tout de même une brève incursion dans ce monde des ténèbres et, s'il fallait ne retenir qu'une seule image, souvenons-nous de la plus symbolique, la prise de pouvoir de notre grand et supposé leader. Dans la salle, Saddam Hussein énumère laconiquement des noms comme pour mieux en assouvir le plaisir, le regard et le ton déterminés. Au prononcé de chaque patronyme, la terreur saisit les visages des individus concernés et les fait vaciller en même temps qu'ils sont évacués manu militari de la salle.
Plus de la moitié d'entre eux ont eu rendez-vous avec la mort qui les attendait dans l'arrière-cour de la salle du congrès du parti. Saddam venait d'être intronisé dans un rite sacrificiel dans lequel le sang de ceux qui l'ont combattu se devait de couler pour durcir le ciment des fondations d'un des régimes les plus barbares que l'on puisse imaginer. Inutile de lister une litanie criminelle qui remplirait des milliers de pages sur un acte d'accusation du Tribunal pénal international. Sans compter le népotisme de ces deux fils, de sa famille, de son village et de sa communauté.
Et c'est pour la défense de l'honneur de cet homme que certains souhaiteraient que nos voix soient à l'unisson d'une majorité qui, certes, partage notre colère mais néanmoins fait preuve d'une étonnante mansuétude ?
Bien au contraire, comme pour affirmer sa croyance en une vérité unique et révélée, voilà que cette mouvance déferlante nous parle de djihad, en réponse à l'appel de Saddam Hussein. Qui peut justifier qu'une idéologie qui a été combattue avec force envers certains devienne subitement légitime en cette circonstance ? Pourtant si l'on prenait la peine d'observer avec attention certaines leçons de ces tristes évènements, on y verrait notamment un peuple kurde qui réitère, malgré tout, son appartenance à la nation irakienne, à la seule condition d'y vivre libre et autonome dans la particularité de ses droits. Une leçon à méditer sur le plan national.
Si la nation arabo-berbère a, plus que jamais, besoin de se sentir solidaire envers une Amérique impudente, nous répondrons présent comme à chaque fois que cela a été nécessaire. Mais il faut que ces foules arrêtent de donner bénédiction aux plus atroces exemples de ses dirigeants illégitimes. S'il était nécessaire de trouver des symboles pour galvaniser le courage et entraîner les foules vers une solidarité positive, d'autres modèles sont à trouver. La culture, l'éducation, la liberté de la presse, la reconnaissance des droits de nos compatriotes berbérophones et bien d'autres buts encore pourraient honorablement servir d'icône à cette nation en gestation. Aucune puissance au monde, fût-elle l'armée américaine, ne pourrait dans ce cas traiter ce monde comme l'a le fait actuellement. Lorsque ce régime tombera, nous ne pleurerons pas sur la tombe des tyrans, mais notre pensée ira vers les enfants d'Irak qui souffriront longtemps encore avant de retrouver la plénitude de leur humanité.
Quant aux hurleurs qui appellent au djihad et à la renaissance d'une reconquête arabe, ils seraient mieux inspirés d'avoir autant de véhémence et de courage lorsqu'ils font face à un képi et une paire de Ray-Ban. La reconquête ainsi définie, nous nous retrouverions ensemble cette fois-ci, d'une seule voix et sans dissonance.
B. S. L.
(*) Enseignant


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