Dans le sillage de l'accord interlibanais de Doha, le Moyen-Orient poursuit d'intenses activités diplomatiques. Cette fois autour de la problématique même de la région : la question palestinienne. Israël jure rechercher une trêve avec le Hamas, au pouvoir à Gaza, tout en faisant montre de disponibilité pour trouver un terrain d'entente avec la Syrie. Il ne faut pas être dupe, tout ce chambardement c'est pour tenter de sécuriser la frontière israélienne avec le Liban. Et pour cela, quoi de mieux qu'un accord avec Damas, dont l'influence au pays du Cèdre n'est pas entièrement finie. D'autre part, Hamas se dit aujourd'hui favorable à une médiation arabe avec le Fatah du président Abbas. Pour ce qui est d'Israël, les observateurs relevant ses déboires devant sa propre justice avec la menace d'une mise en examen se demandent si Ehud Olmert ne chercherait pas à détourner l'attention ? Après avoir confirmé des contacts avec Hamas via Le Caire, il a annoncé des négociations indirectes avec la Syrie, sous les auspices de la Turquie. Objectif : obtenir un accord global de paix, l'information a également été confirmée par Damas. Selon les médias israéliens, deux proches conseillers d'Ehud Olmert sont à Ankara et les négociations doivent notamment porter sur le Golan, le plateau conquis par Israël lors de la guerre des Six jours en juin 1967. Damas exige sa restitution totale, jusqu'aux rives du lac de Tibériade, principale réserve d'eau douce d'Israël. Olmert se dit être prêt à évoquer cette restitution, à condition que Bachar El-Assad cesse de sponsoriser les mouvements hostiles à Israël, tels que le Hamas de Gaza et le Hezbollah du Liban. Selon le quotidien londonien en langue arabe El-Hayat, les Etats-Unis seraient à l'origine de ces pourparlers. Inquiet par les récents affrontements au Liban, Washington pousserait pour obtenir un accord de paix entre la Syrie et Israël, afin de diminuer l'influence du Hezbollah chiite soutenu par Damas, dans la région. Pour Israël donc, la fin du soutien au Hezbollah et au Hamas contre la restitution du Golan. Pour Washington, opposer la Syrie à l'Iran, au Hamas et au Hezbollah. Lors du séjour en Israël de Nancy Pelosi, numéro un du Congrès américain, Olmert a préconisé un blocus maritime contre l'Iran. Au-delà d'acculer la République islamique à renoncer à son programme nucléaire, il s'agit d'obtenir de sa part le lâchage du Hezbollah et du Hamas. Parallèlement, la médiation égyptienne entre le Hamas et Israël se poursuit. À petits pas. Tandis que le Caire annonce l'imminence d'une trêve à Gaza, le Hamas annonce être prêt à accepter “une médiation” de la Ligue arabe pour tenter de résoudre le conflit qui l'oppose au Fatah du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. L'information a été rapportée par le SG de l'organisation arabe. Amr Moussa a indiqué que le leader du Hamas en exil à Damas, Khaled Méchaal, l'avait félicité au téléphone pour le succès de la médiation conduite au nom de la Ligue arabe par les autorités qataries entre l'opposition et la majorité libanaises pour lui dire qu'il était ouvert à un processus de même nature pour mettre fin au différend entre le Fatah et le Hamas. Ce dernier a chassé en juin dernier le Fatah de Gaza et, à la suite de ce coup de force, Abbas a désavoué le gouvernement du Hamas et nommé un nouvel exécutif, soutenu par les Occidentaux, dont le pouvoir se limite à la Cisjordanie. D. Bouatta