Le gouvernement semble prendre la pleine mesure des dangers supplémentaires engendrés par l'entrée en scène algérienne d'une organisation terroriste transfrontalière qui ne manque pas de moyens logistiques ou financiers et qui, de par sa nature, sa stratégie et ses objectifs, est peu encline à étudier une quelconque offre de paix nationale. La série d'attentats kamikazes en Algérie, inaugurée le 11 avril 2007 par l'attaque contre le Palais du gouvernement et prolongée, il y a moins d'une semaine, par les carnages des Issers et de Bouira, est la preuve que le GSPC travaille pour le compte d'organisations terroristes étrangères. C'est Abderrachid Boukerzaza, porte-parole du gouvernement, qui l'affirme. Voilà qui rompt franchement avec la sous-estimation des périls nés de l'affiliation du GSPC à Al-Qaïda, annoncée par celui-ci dès septembre 2006. Des voix très officielles ont longtemps claironné que la transformation du GSPC en ramification algérienne de l'organisation de Ben Laden n'était pas significative quant à l'évolution de sa capacité de nuisance. “GSPC ou Al-Qaïda, cela ne change rien à la donne”, assuraient-elles. Elles iront, ces voix, jusqu'à suggérer que l'implication d'Al-Qaïda dans les attentats en Algérie était une vue de l'esprit. Il aura donc fallu un massacre aussi sanglant que celui perpétré un certain 30 janvier 1995 au boulevard Amirouche pour qu'enfin l'évidence commence à s'imposer au plus grand nombre. À la bonne heure ! Le gouvernement semble prendre la pleine mesure des dangers supplémentaires engendrés par l'entrée en scène algérienne d'une organisation terroriste transfrontalière qui ne manque pas de moyens logistiques ou financiers et qui, de par sa nature, sa stratégie et ses objectifs, est peu encline à étudier — oui, ne serait-ce qu'à étudier ! — une quelconque offre de paix nationale. Il faut espérer que ce réveil à la réalité sécuritaire du pays, dont il n'est pas dit qu'elle a atteint son paroxysme, soit le prélude à une approche rénovée, pragmatique et efficace en matière de lutte antiterroriste. Certes, le propos de Abderrachid Boukerzaza n'a pas dérogé à la règle qui veut que la “réconciliation nationale” reste le cadre immuable dans lequel la question sécuritaire doit trouver son traitement idéal. Mais, on le voit, c'est le message délivré sur le terrain, de Collo à Aïn Defla en passant par Boumerdès, qui seul peut donner au GSPC-Al-Qaïda d'entendre raison. S. C.