Depuis l'accès aux indépendances des pays africains, depuis la création de l'Organisation de l'unité africaine, la paix et la stabilité du continent devaient reposer sur un principe : l'intangibilité des frontières issue des décolonisations. Faire exception au respect scrupuleux de ce principe ouvre la voie à une succession de révoltes dans le continent. Le Soudan vient d'ouvrir la marche. La rébellion du Sud était axée sur la sécession, l'indépendance totale et non pas une autonomie aménagée dans le cadre de la souveraineté nationale soudanaise. Il est désormais consacré de façon irréversible le fait que le sud du Soudan a fait sécession. Le référendum, par sa propre tenue, était un signe que tout allait dans ce sens. Il s'agissait de délégitimer le principe des frontières intangibles, celles héritées de la colonisation. La république du Sud-Soudan, restera-t-elle membre de la Ligue arabe ? Rien n'est moins sûr. La probabilité est apparemment grande que cette nouvelle république restera exclusivement africaine. L'indépendance du Sud-Soudan signifie-t-elle l'instauration de la paix entre les deux pays ? Là encore, rien n'est moins sûr. Les négociations pour la délimitation exacte des frontières n'ont pas donné lieu à un accord. Le problème est que c'est principalement dans la région qui contient des gisements de pétrole que vont s'ériger les frontières. Le tracé des frontières sera une occasion d'en découdre, car aucun des deux pays ne renoncera à avoir les gisements de pétrole de son côté. A cette fracture va s'ajouter la probable partition au sein de nombreux pays africains.