Un nouveau concept. Bouger. Un nouveau slogan. Dégage. «Dégage» peut signifier «fais-moi de la place !». Bouger, ce n'est pas fatalement tenter de faire la révolution, mais cela contribue à intéresser les populations à la «chose» politique, au lieu de les en tenir éloignées avec, fatalement, la création d'un fossé entre les partis et les populations et entre le pouvoir et les populations. N'y a-t-il plus de crédit à accorder aux élections locales ? C'est pratiquement dans l'indifférence qu'elles approchent et que des listes sont confectionnées. Pourtant, toutes les élections ont une arrière-pensée liée fondamentalement à des enjeux non avouables, à savoir sortir sa propre famille de la crise économique. Pour y parvenir, il faut passer par l'accès au pouvoir, c'est-à-dire à des fonctions de décisions, ou alors de compromis. Se saisir du pouvoir ? Pourquoi ? Pour qui ? Le cercle du pouvoir est pratiquement verrouillé. Tous les leaders de partis, tous à l'exception du chef du RCD, verrouillent la porte d'accès à leur remise en cause. Ceux qui y sont à diriger le parti veulent continuer indéfiniment à y être, et ceux qui n'y sont pas sont en attente d'opportunités pour les en déloger. C'est la présidence à vie à la tête des partis. Cela est bien une tradition nationale, à n‘importe quel niveau de l'Etat, des instituions, des partis, des associations toutes natures confondues, même pour diriger des mouvements de jeunes, quand le dirigeant n'est plus jeune ; même pour les associations dites de la famille révolutionnaire qui ne «révolutionnent» pourtant en rien. Un tel vide politique sera toujours mis à profit par ceux qui n'ont pas intérêt à ce que la stabilité soit effective. On peut se poser la question : qu'est-ce qu'un parti sans capacité à prendre des initiatives ? Qu'est-ce qu'un parti dans un champ politique qui ne soit pas le terrain de confrontations permanentes entre idées ? Pourquoi cette sorte d'hibernation ou d'inhibition de ceux qui devraient se comporter en acteurs politiques et non en figurants ? Il y a aussi un nouveau concept qui s'applique aux directions des partis. Celui du redressement. Le redressement a commencé le 19 juin 1965.