Le Forum géostratégique d'El- Moudjahid a organisé hier, une rencontre-débat autour du thème «une lecture politico-stratégique des transformations politiques arabes» animée par le professeur Abdelkader Mahmoudi dont son dernier livre porte sur Le printemps arabe vu par un jeune. A la lecture du dernier livre de l'auteur, la forme adoptée et choisie par M. Mahmoudi, une interview-dialogue dans son traitement analysant des causes et des objectifs escomptés par les bouleversements survenus et toujours en cours sur la scène arabe, n'est pas fortuit. Des interrogations sont émises par un jeune de la scène arabe à l'adresse d'un professeur averti dans l'espoir de trouver les vraies réponses que le matraquage politico-médiatique accompagnant ces bouleversements a occulté. Il semble par ailleurs, que le livre Le printemps arabe vu par une jeune est une invitation, à l'urgence d'ouvrir, voire à associer les intellectuels, sociologues, politologues, et les experts en stratégie géopolitique à décrypter ces bouleversements pour mieux appréhender le présent et se projeter vers l'avenir. «Je récuse le concept de révolution arabe», a souligné M. Mahmoudi avant d'ajouter «c'est un automne brumeux» annonciateur «d'un hiver rude». Tels ont été les termes de notre interlocuteur dan son introduction de présentation de son livre : «j'étais amené à m'interroger sur ce qui se passe sur la scène arabe» en vue de pouvoir répondre à la grande question «que faire ?». «Les raisons de la colère et de rejet de l'Etat sont communes et profondes dans le monde arabe», selon M. Mahmoudi, il n'en demeure pas moins que cette expression a été profitable aux visées escomptées par les Occidentaux. Les différents systèmes et régimes politiques des pays arabes «ne bénéficiant pas de légitimité interne» ont tenu leur exercice légitimement avec un soutien de l'extérieur. Le cas de l'Egypte est illustrant où les évènements ont conduit au départ forcé du pouvoir sans pour autant que les choix socioéconomiques et les accords de Camp David ne soient changés. Si par ailleurs les intervenants ont tenu à mettre en avant le rôle de officines occidentales, voire ses empreintes dans les bouleversements survenus et en cours sur la scène arabe, pour M. Mahmoudi il est aussi question des relations interdépendantes entre les Etats-Unis et Israël dont la politique de Washnigton en direction de la scène arabe est dictée selon ses intérêts et ceux de son allié stratégique, Israël. Le rôle de la Ligue arabe qui depuis sa création n'a pas été exercé pour constituer l'espace de l'expression effective des intérêts de ses membres. Bon nombre d'entre eux convergent sur le fond avec la politique des Occidentaux. C'est ce qui s'est illustré amplement au cours du traitement par la Ligue arabe, dominée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, lors de la crise libyenne, syrienne et son absence résolue du traitement des évènements au Bahreïn et le Yémen. Pour notre interlocuteur, le conflit israëlo-palestinien voire le conflit arabo-israëlien a laissé place depuis la signature des accords de Camp David et à nos jours aux «conflits inter-arabes et inter-palestiniens et aussi arabo-iranien». Autant de changments de cap de politique étrangère par certains pays arabes, à l'exemple de l'Egypte. Le changement entamé depuis la venue du défunt ex-président Sadat à la tête de l'Etat egyptien est maintenu au cours de l'ère du président déchu Hosni M'barek dont la sécurité et la souveraineté égyptienne sont vulnérables à nos jours au vue de la faiblesse et de la fragilité du front intérieur à divers niveaux, pour ne citer que sa dépendance économique vis-à-vis de l'Occident. Sur un autre registre, des intervenants ont souligné la portée de se pencher sur les leçons de l'Histoire qui sont à même de nous apporter des réponses voire des éclairages pour éviter de re-tomber dans ce qui a été à l'origine de l'échec de «l'unité arabe». C'est à travers une vision de portée stratégique sur fond des intérêts des peuples à l'abri de «la mainmise ou de la domination» des Occidentaux, dans un passé récent, des ex-colonisateurs. La portée du processus de décolonisation a été à l'origine du changement de la forme de la domination des Occidentaux, via d'autres outils, la propagation de la démocratie et voir même la lutte contre le terrorisme. Le double langage des Occidentaux, pour ne citer que Washington et Paris se manifeste de plus en plus et au grand jour. Au moment où Paris soutient l'opposition armée en Syrie dans sa plus grande partie composée d'islamistes djihadistes locaux et étrangers, La France s'est précipitée pour intervenir militairement au Mali pour «combattre les terroristes islamistes djihadistes» . A cela vient s'ajouter les propos tenus par l'ex-secrétaire d'Etat des Affaires étrangères américaine Hillary Clinton évoqué par un des intervenants. «Souvenons-nous que les gens contre qui nous nous battons aujourd'hui, nous les avons créés il y a 20 ans», a soutenu Mme Clinton et d'ajouter : «nous l'avons fait pour faire face aux Soviétiques qui avaient envahi l'Afghanistan de peur qu'ils ne dominent l'Asie centrale». Ces propos dévoilent on ne peut mieux les dessous réels de la lutte contre le terrorisme dont sa manifestation géographique n'est pas un hasard si elle se situe dans les régions les plus riches en ressources naturelles et les axes d'approvisionnement de l'énergie.