Face à une grève qui perdure, et perturbe davantage ce qui reste de l'année scolaire, et aux solutions peu convaincantes annoncées par le ministère de l'Education, les parents d'élèves tentent de coordonner certaines actions. Tenter de raisonner les enseignants grévistes, interpeller le Premier ministre et prévoir un sit-in jeudi à Alger sont les premiers éléments de la riposte. Loin de soutenir une politique quelconque ou porter des jugements à l'égard des revendications des syndicats, les parents d'élèves n'acceptent pas que l'avenir de leurs enfants dépende du climat d'entente entre syndicats et tutelle. Les élèves, eux-mêmes, se disent fatigués, perturbés et démotivés en conséquence des problèmes opposant les deux parties, notamment cette grève qui a entamé sa cinquième semaine. «Nous nous attendions à ce que le débrayage cesse après les rencontres entre les syndicats et les représentants du ministère, mais ce n'était pas le cas. Nous attendions aussi des mesures et des solutions plus adéquates qu'un support CD pour sauver l'année scolaire et surtout les examens officiels», ont souligné, unanimes, les parents que nous avons rencontrés hier devant des établissements en grève. Ces parents, dont des cadres, des médecins, des fonctionnaires et des mères au foyer, ont dû, pour certains, s'absenter de leur travail et laisser tomber d'autres tâches pour venir au secours de leurs enfants. Ceux en classe terminale prennent les choses plus au sérieux. Ils sont inquiets, perturbés, et surtout démotivés et déçus par les solutions qui leurs sont annoncées à quelques semaines des examens finaux. «Nous allons au lycée chaque matin depuis le premier jour de grève, avec l'espoir de reprendre les cours mais les semaines passent, le bac approche et nos profs ne veulent toujours pas de nous et nous ne savons plus à quel saint se vouer. Un support CD peut être utile pour réviser mais ne pourra jamais remplacer un prof, en plus tous les élèves n'ont pas forcément un PC à la maison», nous dit un élève partageant l'avis de plusieurs autres, à savoir, que tous les élèves n'ont pas reçu la copie du support comme prévu. Bien que six syndicats de la CSE ont accepté de suspendre leur protestation et favorisé le dialogue depuis la dernière rencontre avec le ministère de tutelle, le Cnapeste campe sur sa position et continue à paralyser plusieurs établissements à travers le pays. Les retards dans les cours pour les établissements ayant repris cette semaine a été estimé par le ministère à une «dizaine de jours» et par d'autres sources à «plus de 120 heures» (cours, devoirs, compositions), ce qui n'est pas facile à rattraper et beaucoup d'élèves ne veulent pas qu'on les prive des vacances. En tout cas, cette semaine, quelques établissements retardataires ont entamé les examens et d'autres sont toujours hors service. Approchés par des parents d'élèves inquiets, des enseignants grévistes n'ont pas souhaité s'exprimer sur leur action prolongée ni sur leurs revendications. Il faut dire aussi que ce ne sont pas seulement les candidats au baccalauréat qui sont concernés puisque tout le cycle secondaire est affectées par la grève et les retards. Pour faire face à ce désordre et à cette situation de blocage qui prend en otages des millions d'élèves, les parents ont décidé de ne plus rester indifférents et de prendre en charge les intérêts de leurs enfants. Il s'agit, entre autres actions, d'une requête adressée hier au Premier ministre, Abdelmalek Sellal par l'association des parents d'élèves du lycée El-Idrissi d'Alger, exprimant tout le mal que vivent des élèves perturbés par des conflits dont ils ne sont pas responsables.