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Littérature populaire de la résistance anticolonialiste
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 12 - 2015

Après l'invasion coloniale française de l'Algérie en 1830 et sa progressive expansion territoriale, l'éclatement du groupe tribal et le désarroi social conséquent, font naître une poésie d'inspiration individualiste.
Et après la résistance de l'Emir Abdelkader, les révoltes d'El-Mokrani en 1871 en Kabylie ou encore celles d'Abdelaziz El-Hachemi dans le Sud, de nouvelles sources d'inspiration se sont faites jour, en rompant avec les archaïsmes et témoignant de l'émergence de ce qui va préluder à une conscience nationale. La mise en place brutale du système colonial, en enclenchant le début d'un grave processus d'acculturation à l'intérieur de l'espace traditionnellement clos de la société algérienne, cette dernière - couvant, alors, un ordre rituel fondé sur une hiérarchie de valeurs codifiées héritées d'une ancienne civilisation malheureusement non renouvelée à cause du ratage, pour diverses raisons historiques, du coche de la révolution industrielle, - s'est brusquement trouvée soumise à une violente déstructuration qui allait affecter l'intégrité du corps social dans toutes ses dimensions. Comme le souligne Chaouche Mourad Yelles dans une étude « La tradition orale et littérature nationale », (Cf. Chaouche Mourad Yellès, dans revue de l'OPU, Communications, collectif, Alger 1982), ce basculement forcé et vertigineux dans une dramatique modernité va provoquer un véritable traumatisme et va d'abord être vécu sur le mode religieux comme une sorte de châtiment infligé à la notion musulmane en punition de ses péchés ». C'est bien le sentiment qu'expriment ces quelques vers tirés de la célèbre « q'cida » du cheikh Abdelkader et dans laquelle il décrit la prise d'Alger en 1830 : « Demandez pardon au Maître et repentez- vous Voici la fin des temps Tous les malheurs s'abattent sur nous Dorénavant, il n'y aura plus de paix La peine a frappé toutes les tribus Et les jours qui vont venir seront des jours de trouble La vie ne vaut plus rien et seul celui qui est mort est en repos » Extrait du poème de Cheikh Abdelkader: « L'entrée des Français à Alger », poème recueilli et traduit par .J. Desparmet, datant selon lui de 1830, Cf. Revue Africaine,n° 71, éditée par la Société Historique Algérienne, 1930, Réédition OPU- Alger 1980) La conservation de cet important poème, véritable document archivistique, on le doit à J. Desparmet qui tient à préciser que ce texte recueilli se recommande par une narration conforme, à la suite chronologique des faits, il en montre une connaissance plus directe et témoigne d'une idée nette de la topographie ancienne d'Alger... « C'est semble-t-il, l'œuvre d'un citadin d'El Djazaïr qui a été témoin de ce qu'il raconte ». L'auteur-traducteur indiquant que pour établir un texte compréhensible et le dégager de l'orthographe phonétique du manuscrit, il a dû recourir d'abord aux principes de métrique populaire, que lui même a jadis exposés au Congrès des orientalistes d'Alger en 1904 (La poésie actuelle à Blida et sa métrique Tome III des actes du congrès), puis se méfiant de l'esprit de systématisation, il a fait déclamer, scander, transcrire, expliquer, le morceau entier par deux talebs blidéens qui l'avaient maintes fois copié, Mohamed Ben Nfissa et Mustapha Bairem, auxquels il a rendu hommage dans son introduction au poème, précisant : «D'après les scribes qui nous ont conservé ce monument véritable de la poésie algérienne, notre poème aurait contribué pour sa part à la préparation de tous les mouvements insurrectionnels qui ont éclaté dans la province d'Alger depuis le soulèvement de Ben Zamoum en 1830 jusqu'a l'échauffourée de Marguerite en 1901. Je l'ai recueilli à Blida en 1905. Un soir de juillet, je remarquai un rassemblement sous les platanes qui ombragent la place voisine de la « Porte d'Alger ». Dans un cercle, de petites gens de la ville, manifestement attentifs, consternés et farouches, un bédouin au burnous terreux se démenait avec de grands gestes de désolation et de prière. On aurait dit un Jérémie sorti de son désert pour venir rappeler aux juifs oublieux, les ruines de Jérusalem. Et c'était bien une élégie patriotique qu'il déclamait, une pathétique et dévote lamentation sur la grandeur et la chute de la régence d'Alger. Piqué dans ma curiosité, je courus chez des «Tolbas» de ma connaissance, sachant bien que ces pseudo - clercs de l'Islam, derniers héritiers des anciens copistes, sont les éditeurs marrons de toute littérature clandestine. Le thrène épique racontant la prise d'Alger était connu de tous». (Cf. Ibid J. Desparmet, dans la Revue Africaine, n° 71, éditée par la Société Historique Algérienne en1930, ouvrage réédité par l'OPU, Alger 1980). Vers la fin de son long poème, Cheikh Abdelkader se montrant plus incisif qu'aux débuts faisant songer à une complainte, change brusquement de ton et en appelle à la réaction contre l'occupant étranger, rappelant que de tradition Alger ne se soumets pas. Extrait : « (...) Vous qui écoutez ce récit laissez s'accomplir ces ordres de Dieu. — Hélas ! où est ce port célèbre — et les butins de cafés et de draps; — les câbles de cuir tressé avec lesquels on s'embossait ; — les drapeaux de soie claquant au vent; — les corsaires entrant dans la darse et tous ces captifs les mains liées derrière le dos ? — Pour les mécréants c'était là un crève-cœur ! — Les nations chrétiennes juraient d'en tirer vengeance –Mais ces nations en étaient devenues des femmes ; — et celui qui venait voir s'en retournait, déconfit. - Ils étaient des mulets mon fils, de ces mulets que l'on emploie au dépiquage !- Et, s'il y avait un homme de cœur, il tremblait devant elle. Les exploits d'Alger ont retenti dans les siècles passés !(...) » (Ibid.) Mais passé le choc des premiers heurts, la prise de conscience s'effectue et la parole de combat s'organise et s'élève dans la lignée des Ben Khlouf, Ben M'saib, des centaines de poètes font entendre la voix d'un peuple en armes, à commencer par l'Emir Abdelkader, Belkheir et tous ceux et celles qui demeurent anonymes .Ainsi bien plus que l'écriture fort rare et éclipsée en ces temps, l'oralité, en dépit de ses carences, allait contribuer à cristalliser la résistance, canaliser les énergies, souder les rangs et faire converger toutes les luttes vers l'idéal du combat libérateur et djihad contre le conquérant étranger. La colonisation, outre l'accaparement des terres et la désagrégation, de la société traditionnelle, eut pour effet le tarissement des sources culturelles du pays conquis. Dès les premières années de la conquête, le colonisateur s'est acharné contre les structures religieuses qui avaient à l'époque une double activité : une activité religieuse avec notamment l'enseignement du culte et une activité culturelle qui s'occupait, à l'époque, de promouvoir la langue arabe et sa culture. La répression se manifesta par la confiscation des biens Habous qui servaient aux besoins de la charité ou de l'instruction publique, et par la destruction ou la fermeture des mosquées et des zaouïas. Cette destruction toucha également les écoles musulmanes, semant l'ignorance parmi les populations colonisées privées de leurs écoles. Les Algériens boudèrent dans un premier temps les institutions coloniales, mais ce refus motivé par la peur de l'acculturation céda le pas, par la suite, à une demande accrue de l'instruction française, à partir des années vingt surtout. Demande qui s'accompagna, dans le même temps, de revendications sur le nécessité de faciliter la diffusion de l'enseignement de la langue arabe, les circuits de diffusion traditionnelle ayant été complètement taris par le processus colonial avec ses blocages, entraves bureaucratiques, obstructions sur toutes les voies et possibilités de fonction et initiatives allant dans ce sens, ce monopole d'imposition et de ségrégation culturelle finissant, également, par empêcher la libre circulation des Algériens, contribuant gravement à la dislocation des canaux de diffusion. En effet, jusqu'en 1914, le déplacement des Algériens était soumis à l'autorisation de l'autorité coloniale, et particulièrement entre les différentes confréries et Zaouïas, les séjours des « Tolbas » à travers ces lieux de culture étaient un moyen traditionnel de communication des idées et d'épanouissement du savoir. Le colonisateur allant même jusqu'à restreindre les sorties des autochtones vers les autres pays arabes et musulmans, le pèlerinage, source également de confrontations et de diffusion intellectuelle, faisait également l'objet d'une sévère réglementation limitative. Face à ces contraintes et interdictions et restrictions multiples des sphères culturelles, la littérature autochtone se replie dans l'espace culturel de l'oralité essentiellement, et ne manque de pas de se manifester dans la langue de tous les jours : l'arabe dialectal ou le berbère, pour atteindre le vaste auditoire populaire. Les marchés, les fêtes populaires ou familiales, constituaient les lieux propices de cette tradition orale, canal par lequel les poètes, bardes, meddahs, perpétuaient et traduisaient les préoccupations et les aspirations des couches populaires parmi lesquelles ils évoluaient. Cependant, avec la destruction des cadres socioculturels et l'éclatement de la société algérienne, la poésie orale quoique poussée dans ses retranchements, va se rebiffer, le profond déséquilibre auxquels sont soumises les traditions populaires influant profondément sur cette littérature itinérante déclamée. (Suivra) Auteur et journaliste culturel indépendant

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