Une des douze affaires économiques traitées sur les dix-sept soumises à investigations auprès des éléments de la brigade économique et financière de la sûreté de wilaya de Annaba, retient particulièrement l'attention. Il s'agit de celle de la société Algérienne de Distribution de l'Eau (ADE) anciennement Seata. D'importants travaux pour plusieurs millions DA ont été réalisés sur des chantiers d'opérateurs économiques privés sans que ces derniers n'aient eu à débourser le moindre centime. En décidant de traiter cette affaire ADE en priorité et avec une perspicacité de tout instant, le commissaire principal Med Yazid Boubakri, chef de la brigade économique et financière lui accorde une réelle importance. D'autant qu'elle intervient deux années après celle du détournement de 16 milliards de cts. Cette affaire de travaux réalisés sans que l'ADE n'ait été payée, est un scandale. C'est qu'elle implique le promoteur immobilier et homme d'affaires Baha Eddine Tliba député FLN après avoir transhumé du FND. Usant et abusant de son immunité parlementaire, le sieur est cité dans des affaires de corruptions, opérations de change sur le marché parallèle et de transferts illégaux d'argent vers l'Europe. Ce qui n'a pas empêché le directeur de l'unité ADE Annaba, de se plier en quatre pour exécuter ses ordres téléphonés. Selon nos sources se référant aux conclusions de l'enquête policière, ce directeur et quelques-uns de ses proches collaborateurs devront certainement répondre de certaines anomalies de gestion des travaux réalisés portant sur la pose de conduites d'adduction d'eau potable au profit du promoteur Tliba. Ce dernier n'a rien déboursé sur le montant du projet évalué à presque 7 millions DA. Les décideurs de l'ADE n'ont pas attendu le paiement du montant tel que prévu par la procédure pour engager les travaux. Ce promoteur immobilier n'est pas le seul à bénéficier des largesses de l'ADE. En effet si le souci affiché par le ministère de tutelle est de préserver le précieux liquide, ce n'est pas le cas à l'ADE Annaba. A moins que la récente nomination d'une directrice commerciale ne change la donne. Rappelons que cette dernière avait été à l'origine de l'audit et de la mise au jour du détournement de 16 milliards de centimes à l'agence de la Ménadia. Selon nos sources, cette directrice est en mesure de mettre un terme à la mauvaise gestion des commandes et autres contrats, la maintenance et l'entretien des réseaux, le pillage de l'eau avec la complicité des releveurs, la facturation de complaisance et bien d'autres faits préjudiciables à l'entreprise. Il y a également le gaspillage volontaire à travers la non-réparation des conduites d'adduction entraînant la perte quotidienne d'importantes quantités du précieux liquide. Au même moment, des milliers d'abonnés s'étant acquittés de leur redevance, n'ont pas d'eau potable. La cause en est des conduites détériorées que l'unité ADE refuse des mois durant de réparer. Il est étonnant que l'on argumente l'absence de moyens matériels pour la maintenance et l'entretien du réseau AEP alors que ces mêmes moyens sont disponibles pour la pose des conduites dans les promotions immobilières, les stations de lavage, l'irrigation des terres agricoles et autres. Peut-on dire qu'avec la réorganisation des services où l'incompétence n'aura plus de place, que l'heure est au changement à l'ADE ? Il faut reconnaître que, même si le directeur de l'hydraulique de la wilaya est absent, les choses bougent du côté de ADE/Zone Annaba. Des audits devraient être lancés prochainement pour mettre un terme aux passe-droits comme ceux dont bénéfice à longueur d'année «si El Hadj Tliba» tant et si bien que le commun des abonnés se pose des questions. Dans le lot, il y a celle portant sur les capacités de la nouvelle direction commerciale à procéder à des investigations minutieuses. En tout état de cause, les éléments de la brigade économique et financière ont investigué. Ils poursuivent toujours leurs investigations. Ils ont déjà mis au jour d'importantes anomalies de gestion. A l'exemple des 4.000 compteurs importés et disparus au lendemain de leur réception. En attendant, les promotions immobilières Tliba du site de Sidi Aïssa ont bénéficié de pose de conduites d'adduction et bénéficient toujours de l'alimentation en eau potable sans avoir eu à payer un seul centime depuis janvier 2017.