L'anarchie qui avait succédé au départ définitif du partenaire allemand Gensenwesser dans la gestion de la Société de l'eau et assainissement Tarf Annaba (SEATA) avait atteint le sommet en termes d'anomalies de gestion et de malversations. Ce n'est que deux années (en 2011) après sa création que le ministre décide de la dissolution de cette entité économique. Cette anarchie avait été matérialisée par l'utilisation à des fins personnelles des biens de l'entreprise, l'acquisition de véhicules de prestige et leur affectation à des membres de la famille et des proches du directeur général, la promotion à des postes de haute responsabilité d'agents sans niveau intellecutel ou professionnel, du détournement en quelques mois de plus de 150 millions DA de la recette «Ménadia» et la disparition de plus de 4000 compteurs à eau entre domestiques et industriels portant griffe «ADE/SEATA». C'est cette dernière affaire que le tribunal correctionnel de Annaba est appelé à instruire dans les prochains jours. Enrolée par deux fois, l'affaire avait été renvoyée par le président du tribunal à après la fête de l'Aïd El Kebir. Le dossier est volumineux. Il met en relief un acte de malversation préjudiciable à l'entreprise. L'enquête diligentée par les éléments de la brigade économique et financière de la sûreté de la wilaya de Annaba a permis de déterminer l'implication directe ou indirecte de 17 personnes. Ce sont des cadres gestionnaires, d'exécution, agents et opérateurs économiques. Ils ont été cités à comparaître à la barre des accusés. Ils doivent répondre de la disparition de 4000 compteurs à eau industriels et domestiques. Il ressort des éléments de l'enqûete judiciaire, qu'à lui seul un chef de service a signé 80% des bons de sortie de ces compteurs sans que cela n'attire l'attention de la direction générale. Pis, alerté par des agents sur des anomalies relevées dans la gestion des stocks matériels et équipements, le précédent DG n'avait pas jugé bon de déclencher une enquête interne. Ce qui aurait permis de mettre un frein à ce qui paraissait être un acte de pillage de biens publics. Durant leurs investigations, les éléments de la brigade économique et financière ont réussi à mettre la main sur les compteurs à eau et accessoires. Bien que portant le sigle ADE/SEATA, donc interdits à la vente publique, le matériel en question a été localisé chez des commerçants et des promotteurs immobiliers de plusieurs régions du pays et en Tunsie. Cet aspect et bien d'autres retiendront certainement l'attention du magistrat chargé d'instruire le dossier qui implique également un responsable local AADL et une clinique d'Annaba.