La commune estudiantine algérienne a investi encore une fois les rues de la capitale, Alger et des autres régions du pays, pour le deuxième mardi du mois de ramadhan. La politisation patente du milieu estudiantin se confirme et s'agrandit, depuis le 22 février dernier. La proportion de la mobilisation cette fois-ci s'est accrue jusqu'à devenir un symbole de la fronde populaire. Même revendications : le départ sans concession des figures du pouvoir pour l'édification d'un « Etat de droit, libre civile et non militaire ». Le mouvement de protestation des étudiants ne faiblit pas et toujours fidèle à son rendez-vous du mardi. Au risque de faire une année blanche, les universitaires en grève depuis des semaines, semblent plus déterminés que jamais, et ce, jusqu'à ce que le mouvement paye. Considérés comme la clé du changement pour la réussite de la transition, en dépit de leur jeune âge, les étudiants algériens de toutes filières confondues aspirent à un avenir meilleur et une société plus « civilisée et instruite ». 11h05, malgré les empêchements par les boucliers de la police, placés à chaque axe menant vers la Grande-Poste, les étudiants sont parvenus à se réapproprier le parvis de la Grand Poste. Ils ont décidé de réorienter leur marche vers de nouveaux lieux. Ils étaient des centaines à manifester de le Tribunal Sidi M'Hamed, et devant le siège de l'Assemblée Populaire Nationale (APN). Les deux instances, des plus actives et donatrices d'ordres ces derniers jours. « Nous voulons une justice indépendante et intègre, mais pas avec les complices du pouvoir en place », commente, Rafik, étudiant en troisième année à l'université Alger2. Débordants d'énergie et d'enthousiasme, les camarades à Rafik, ne cessent de sautiller, aux mains des drapeaux algériens de toutes les dimensions, s'agitaient dans les airs. Nous pouvons observer dans ces manifestations comme un sursaut de fierté et de grâce que les universitaires veulent partager avec leurs parrains pour continuer sans relâche cette lutte, tant attendue. Ce large mouvement de contestation qui dure depuis près de trois mois soulève une irrésistible envie et volonté chez les algériens de poursuivre la révolte jusqu'à ce qu'à l'élection d'un président choisi par le peuple, dans la transparence totale, ainsi rejetant toute implication de l'institution militaire. C'est le message principal de cette nouvelle mobilisation estudiantine qui réclame « un Etat civile et non militaire ». « L'Algérie a besoin de son armée pour la défendre de ses ennemis extérieurs, et non de s'ingérer dans la révolte populaire revendiquant la liberté et la dignité pour sa nation », estime Manel, une licenciée sans emploi depuis 2017. Des milliers diplômés sont dans le même cas que Manel qui réclame « la restitution de sa place à l'intellectuel algérien et la préservation de la jeunesse du pourrissement de la situation », a-t-elle ajouté. « Barakat, Barak, ça suffit », crie de loin une autre manifestante, qui appelle à « la justice réelle et équitable pour régler la crise politique et non à la justesse dans le traitement des dossiers ». Dans sa banderole est écrit « Pour une assemblée constituante est souveraine ». Un message omniprésent lors de cette manifestation au côté de celui appelant le chef de corps des armées, Ahmed Gaid Salah à partir. « Nous avons ras-le-bol des propositions de la grande muette qui n'aboutissent pas et qui imposent les élections présidentielles contestées par le peuple », c'est ce qu'a déclaré Aris devant le tribunal Sidi M'Hamed. Une belle parade estudiantine a sillonné les boulevard d'Alger centre, brouillant d'étudiants, bravant chaleur et soif de ce jour. Sous le regard intrépide des policiers qui surveillaient chacun de leur mouvement. Ils les ont escortés dans chacun de leur déplacement, dans le calme. 13h30, les étudiants commençaient à se disperser, démontrant une fois de plus leur obstination a brisé le mur de la peur et a galvanisé le peuple pour qu'il poursuit sa lutte pour le respect.